La parole d'honneur d'un forçat
Voilà une adaptation particulièrement fidèle au roman. Fidèle jusqu'aux pires défauts de l’œuvre de Hugo.
Du fameux roman, Robert Hossein a repris le goût appuyé pour le pathétique, la lourdeur du ton, les personnages lourdement symboliques, des procédés exagérés pour choquer et faire naître des émotions et une volonté clairement affichée de se transformer en donneur de leçon morale.
Mais là où, chez un Hugo qui, toute sa vie, a cru dans le romantisme et ses procédés indigestes, ces méthodes pouvaient parfois toucher leur but, chez Hossein ça devient vite lourdingue, voire même ridicule. Le maquillage outrancier de la pauvre Évelyne Bouix, histoire de rappeler que son personnage de Fantine est tombée dans les pires bas-fonds, est un exemple de ces erreurs de mise en scène.
Bien sûr, il y a des aspects positifs : la reconstitution est plutôt bien menée (merci Alain Decaux au scénario), et l'interprétation est bonne. Lino Ventura n'est pas très à l'aise, engoncé dans les habits de Valjean, trop étriqués pour lui. Carmet est un bon Thénardier, visqueux à souhait. Mais le grand prix revient à un inoubliable Michel Bouquet dans le rôle de l'impitoyable Javert. Il est terrible, son regard est oppressant, etc. Il incarne véritablement Javert, par le ton de sa voix, sa posture générale... A lui seul, il justifie que l'on puisse voir le film.