Film tardif de la Hammer, Les Monstres de l’espace est le troisième volet des aventures du scientifique Bernard Quatermass, ce qui explique son titre original The Quatermass Pit et donne à la France seule la responsabilité d’une traduction stupide ayant valeur de spoil majeur.
L’esthétique britannique, avec sa photo légèrement vaporeuse et ses couleurs très vives est toujours de mise, mais au profit d’une intrigue qui met de côté tout le folklore habituel de l’épouvante (Frankenstein, Dracula et consorts) pour une SF fauchée assez amusante.
Machinerie improbable et hyperboles délirantes (dureté de la surface du vaisseau découvert, archives remontant jusqu’au temps des romains pour expliquer, manuscrits médiévaux à l’appui, que les apparitions ont toujours été là) ponctuent une dynamique assez paresseuse et écrite à l’avance où l’on diffère autant que faire se peut des apparitions de sauterelles en latex dans leurs alcôves. C’est d’autant plus étrange que l’emballement final sabote pas mal une explication qui semblait assez complexe, et qui se dilue dans des vibrations, des apparitions un peu foireuses et Satan dans un nuage, à électrocuter à l’aide d’une grue. L’opposition assez éculée entre le scientifique clairvoyant et les militaires bornés, la propagande éhontée pour rassurer la population alors qu’un immense danger se précise permet encore de retarder les véritables scènes d’action, sans que cela prenne les proportions ou la profondeur d’un véritable sujet autonome. Certes, l’ambiance apocalyptique parvient à quelques moments à nous faire croire à une invasion martienne sur Londres, et l’ambiance nanar n’est pas sans quelques saveurs vintage. Mais il semble qu’il faille appartenir à un public cible assez spécifique pour pleinement apprécier ce genre de pièces de musée.