La conversion au format cinéma de personnages créés pour des one-man-shows ou autres spectacles humoristiques n’est pas nouvelle : Brice de Nice 1 et 3 – le 2 s’étant fait casser – exploitaient le surfeur inventé sur scène par Jean Dujardin. Mais là où les films de James Huth pensaient cette conversion par et pour le grand écran, ceux des Chevaliers du Fiel oublient d’apporter quelque chose, pire de justifier le passage de la scène au cinéma en niant ce dernier au profit d’un emboîtement de sketchs peu drôles et mal rythmés, en fait rythmés selon une dynamique propre non pas à la comédie mais au spectacle comique.


Il n’y a pas de cinéma dans Les Municipaux, trop c’est trop : pas de mise en scène, pas de direction d’acteurs, pas de travail du son, de la photographie, de la musique. En lieu et place, une déclinaison en décors extérieurs et intérieurs de l’univers développé par Éric Carrière et Francis Ginibre : les vues de Port-Vendres, le bar, la mairie ont remplacé la scène noire de spectacle qui contraignait le spectateur à une figuration mentale de cet univers que suffisaient à animer les deux acteurs. En créant des images, en intégrant des décors en prise de vue réelle aux sketchs bien connus, en refusant de penser le comique par ces images ainsi fabriquées, le duo perd de son énergie burlesque et voit son propos politique et social se diluer dans des séquences mal fichues, elliptiques et laides, comme un pastis avec trop d’eau.


Quelques gags fonctionnent, à l’instar de la crèche religieuse revisitée en circuit SNCF. Mais l’impression qui prédomine ici est que les Chevaliers se sont fourvoyés dans le format choisi, et qu’en abordant le cinéma comme un simple médium à diffusion plus ample que les spectacles, ils sabordent d’emblée leur film et leurs potentielles ambitions.

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le 13 mars 2020

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