Comme une arlésienne qui se ferait attendre, Les Nouveaux mutants de Josh Boone parait enfin dans nos salles de cinéma. Suite aux multiples problèmes de production ou de distribution, l’inquiétude était de mise quant à la qualité intrinsèque du film. Alors, catastrophe ou petite réussite ?


Au final, un peu des deux, même si les aspects négatifs prennent vite le dessus sur le reste. Les Nouveaux mutants nous avait été vendu comme un film d’horreur dans le milieu des X-Men de Marvel, et malgré quelques effets horrifiques dont le décorum se veut influencé par le bancal The Ward de John Carpenter, il est évident à première vue que ce n’est pas ce cinéma de genre-là qui prédomine. Non, l’œuvre de Josh Boone se rapproche plus du « teenage movie » qui voudrait tendre maladroitement vers l’esprit de groupe d’un Breakfast Club et du « coming of age movie » que du film d’horreur à l’état brut.


Après que tout son village a été décimé, la jeune Danielle se retrouve internée dans un « hôpital » qui s’occupe d’adolescents qui ne contrôlent pas encore leurs pouvoirs et qui seraient, selon le médecin des lieux, potentiellement encore dangereux pour la société. A partir de là, le film va tenter de nous en apprendre plus sur la véritable identité des pouvoirs de chacun des 5 adolescents en question et sur la volonté première de cette institution hospitalière.


Un peu à l’instar du récent The Vigil de Keith Thomas, la crise initiatique qui va frapper nos jeunes protagonistes va être liée à la symbolique de l’horreur et à l’appropriation de la peur de soi et l’autre. Comme tout film adolescent qui se respecte, Les Nouveaux mutants va mêler avec parcimonie les affres du monde adulte (meurtre, compétition, culpabilité familiale, corruption, agression sexuelle, autoritarisme religieux) à un monde juvénile (amour, jalousie, confiance en soi, solidarité, courage, libido, regard de l’autre) déjà gangrené par la meurtrissure du passé.


Sans révolutionner le genre, et en nous déballant une architecture narrative vue et revue moult fois, le récit arrive tout de même à rendre tangible et attachant le lien visuel entre le pouvoir de chaque adolescent et la peur qui l’inhibe, à l’image du personnage de Illyana et du monde inconscient qu’elle a pu se créer pour se protéger de ses ravisseurs. Même si l’attention du spectateur peut se perdre face à la répétition des motifs, à l’incapacité à rendre palpable la peur du huis clos et à cause de l’incarnation parfois doucement bancale du casting qui aime surjouer sa névrose (la catastrophique première scène de groupe), Les Nouveaux mutants arrive à amener son auditoire là où il souhaitait l’emmener, sans forcément en faire plus, comme en atteste son climax joliment emballé.


Seulement, cette économie de moyen, qui sert parfois le film dans sa fluidité, le dessert notamment lorsqu’il faut passer de la prétention à la matérialisation. Et de ce point de vue là, Les Nouveaux mutants bouffe un peu à tous les râteliers, sans réellement se positionner. Introspection faiblarde, mise en scène honnête mais impersonnelle, enjeux surfaits, difficulté à faire naitre ce véritable sentiment de peur, le film de Josh Boone n’est au final qu’un énième opus prémâché mais honnête sur l’adolescence et ses émois. Pouvions nous, nous attendre à mieux ? Malheureusement non.


Article original sur LeMagduciné

Velvetman
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le 10 sept. 2020

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