Un Risi dérisoire.
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Ouragan misanthrope venu d'Argentine, Les Nouveaux Sauvages présente une poignée de personnages en plein pétage de plombs. Usés par l'injustice, la pression, l'absurdité de leurs vies ou de leurs entourages, voir par leur propre médiocrité, ils craquent et deviennent des « sauvages » ; « nouveaux » car ils sont tous lésés par les règles du jeu contemporaines et non tributaires d'une culture locale spécifique. La pureté populiste est proche mais Les Nouveaux Sauvages ne dresse pas les conclusions nécessaires, même s'il cible à la fois la bureaucratie et le capitalisme. Il ignore l'alignement idéologique et à la contemplation de constats insolubles, préfère la rage s'emparant de la victime ordinaire (l'employé assommé par la bureaucratie, la mariée humiliée, etc).
Il s'agit de l'unique fil conducteur entre les six sketches, il suffit amplement. L'approche de Damian Szifron est grossière et corrosive, la mise en scène efficace (référencée : Duel de Spielberg, la comédie italienne 'morale' des années 1960), visuellement vulgaire, les couleurs assez laides. Les personnages révèlent leur bestialité dans un cadre toxique, exacerbant une espèce de claustrophobie existentielle. La corruption, la mesquinerie et l'hypocrisie sont partout ; et quand tout le jeu se fait à vos dépens, que c'est pour toujours, sans compensation valable ni dignité, vous n'en êtes plus à ressasser des états d'âmes harassants ; vous êtes un damné pathétique. Ces nouveaux sauvages le sont tous, ils ont beaucoup à perdre mais leurs repères sont aussi insignifiants que leurs personnes ; comme il n'y a pas de raison d'espérer, ils font aussi bien de se lâcher.
Les Nouveaux Sauvages c'est la guerre de tous contre tous, menée par les démunis en tous genres (pauvres, asociaux, clampin intégré ou vaches à lait). Le dispositif est fort en gueule, le ton trop acide, les manières trop venimeuses, pour laisser indifférent. Le but est de faire jubiler mais il y a de quoi pousser au doute, voir à la suspicion. C'est une catharsis intelligente et impitoyable, ne grandissant personne, étalant plutôt son pessimisme anthropologique, faisant écho au dégoût de soi et de la vie en société, du monde tel qu'il évolue et de sa brutalité voilée mais profonde et impénétrable. C'est moche, trivial, caustique. Au milieu du désarroi Szifron purge les frustrations, assassine et donne dans la surenchère de poison, à l'occasion autorise quelques pics d'optimisme. Dégueulasses ou nuancés, forcément ; les sursauts de beauté s'abîment, les refoulés trouvent un peu de réconfort en prison.
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Créée
le 26 juil. 2015
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