1975 restera une année prolifique pour le couple Franco/Romay avec pas moins de neufs films au compteur sur les écrans. Fatalement tout ne sera pas d'une grande qualité cinématographique, on tournera parfois deux films en un et les scénarios brilleront rarement par leur profondeur et leur originalité : le plus restant souvent l'ennemi du bien. Les Nuits Brûlantes de Linda aussi appelé Who Raped Linda ? existe visiblement en plusieurs versions (softcore ou hardocre) et comme je suis un garçon sage, c'est bien sûr de la version soft dont parle cette critique.


Les Nuits Brûlantes de Linda c'est l’histoire de Marie France qui accepte un boulot de gouvernante (enfin ça ressemble plus à un emploi fictif) en Grèce auprès d'une famille composé d'un veuf dépressif, de sa fille handicapé, de sa nièce nymphomane et d'un serviteur un peu débile qui s'exprime uniquement en grognant. La jeune femme va alors découvrir les secrets cachés de cette famille …


Avec un tel titre et vu le pédigrée de ce bon Jesus qui n'a pas fait que des films très très catholiques je m'attendais à une œuvre bassement érotique dont il a la secret. Pourtant il faudra attendre dix sept longues minutes avant de voir la première scène de nudité, presque une éternité au regard du projet. La première partie est donc consacré à l'exposition des différents personnages et aux maigres et nébuleux enjeux du scénario. Que les érotomanes se rassurent toutefois, une fois passé les vingt première minutes le casting est largement plus souvent à poil qu'habillé et Jesus Franco nous ressorts la panoplie de ses obsessions avec sexe saphique et dérives SM. Quant au scénario il reste assez vague et pas très intéressant , il est surtout question d'évoquer une obsession maladive du sexe et de passion refoulée en flirtant avec certains tabous comme l'inceste et la nécrophilie, tonton vouant une passion dévorante à sa femme morte ou plus exactement au souvenir de sa femme morte. Il y-a d'ailleurs quelques jolies scènes dans Les Nuits Brûlantes de Linda (comme souvent chez Franco d'ailleurs) comme lorsque l'oncle dans l'intimité obscure de sa maison entends les soupirs suggestifs de sa défunte compagne comme les râles agonisant d'un fantôme qui hante sa mémoire. Quant au personnage de Olivia (Interprété par Lina Romay) elle reste à la fois traumatisée et obsédée par la vision alors qu'elle était enfant d'un coït interrompu par un meurtre. Il faut noter que pour le flashback de cette séquence Jesus Franco a juste collé des couettes à sa comédienne comme si cela suffisait à lui faire perdre dix ans. Après le film est rempli de douces incongruités, de faux raccords qui piquent les yeux ( des marques de flagellation qui apparaissent et disparaissent selon les plans) et de séquences assez lunaires avec notamment deux personnages (un enquêteur et une journaliste) qui passent leur temps à épier cette curieuse famille depuis leur fenêtre avec jumelle et appareil photo alors qu'il fait invisiblement nuit noire dehors et qui arrivent même à voir un couple en train de copuler dans une chambre sans fenêtre (L'important c'est d'y croire). Les deux personnages sont d'ailleurs de purs personnages de comédie surtout le bon gros joufflu à moustache (Richard Bigotini) qui ne perd jamais une occasion de reluquer les miches de la fille qui l'accompagne


Malin ou un peu j'en foutiste, Franco trouveras une parade pour transformer toutes les errances du scenario de son film en une pseudo cohérence finale, puisque l'on découvre à la fin que Les Nuits Brûlantes de Linda n'est qu'un rêve fait par le personnage principale avant même de commencer son boulot de gouvernante. On avait clairement pas besoin de ce pseudo twist final tant le film baignait dans une ambiance étrange qui n'avait pas besoin de beaucoup de justifications ni explications. En tout cas le film permet une nouvelle fois d'admirer Lina Romay qui même lorsqu'elle joue mal (et ça lui arrive assez souvent) possède toujours un charisme assez dingue entre l'ingénue et l'exhibitionniste. J'aime décidément beaucoup cet air innocent de petit oiseau tombé du nid (même si elle est souvent plus à poil qu'à plumes) couplé à un art consumée de la provocation. La séquence durant laquelle elle dévore de façon suggestive une banane devant le serviteur benêt au sourire niais mérite largement le coup d’œil et de ne plus jamais voir le fruit jaune de la même manière. Et puis Franco sait aussi se faire esthète de temps en temps comme pour cette très jolie scène avec Lina Romay et Alice Arno qui discutent dans l’embrasure d'une fenêtre , avec une belle lumière rouge dans laquelle dansent des volutes de fumées de leurs cigarettes (On oubliera toutefois le faux raccord sur les cendres de la clope). Et pour conclure il faut également citer la musique de Daniel White et son joli sirtakis mélancolique.


Comme souvent chez Jess Franco il n-y pas grand chose à voir mais beaucoup de petites choses sympathiques à regarder à commencer bien sûr par sa muse Lina Romay. Ce petit thriller érotique avec se touches de comédies et son léger soupçon d'horreur reste du Franco pur jus qui plaira surtout aux amateurs du réalisateur.

freddyK
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il y a 8 jours

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