Les Œufs de l'autruche par Maqroll
Du théâtre filmé bien sûr puisqu’il s’agit de l’adaptation de la pièce d’André Roussin, énorme succès et gros scandale à la fois puisque traitant d’un sujet tabou dans les années cinquante, à savoir l’homosexualité masculine. Le problème est que c’est traité à la manière du théâtre de boulevard même si Denys de La Patellière - auteur honorable du cinéma de mœurs et membre à part entière de la confrérie de la « qualité française » sur laquelle la Nouvelle Vague tira à boulets rouges – fait ce qu’il peut pour en sortir, notamment par quelques extérieurs bien venus et dans le monologue de Pierre Fresnay filmé en ombres chinoises. Le problème est aussi et surtout que la pièce dont le film est tiré est d’un niveau très bas et qu’à aucun moment les vrais enjeux de ce thème ne sont vraiment abordés. Il reste donc une comédie sociale (une de plus de ce réalisateur dans ces années-là) et des performances d’acteurs : à celle de Pierre Fresnay hurlant et gesticulant dans le rôle du père apprenant que son fils « en est » (« Mais je vais lui casser la figure ! »), on me permettra de préférer celle, discrète et juste, de Simone Renant qui avait, à quarante-sept ans, conservé tout son charme.