Comment Banderas, tu es espagnol? JLO est portoricaine d'origine? Ce n'est rien, venez embrasser la
"Ce film est dédicacé aux femmes tuées à Juarez". On espère qu'elles apprécieront :
- les policiers moustachus et peu subtiles, violant la liberté de la presse en renversant des étals de journaux devant la foule
- Juarez transformé en Chinatown
- le racolage honteux fait sur le dos des mortes (quoi, les chiffres annoncent environ 600 femmes tuées? Allez Antonio, toi qui joue le journaliste sérieux, annonces-en plutôt 5000 -véridique)
- la scène du charnier, qui transforme la triste banalité d'un fait divers en décor pour film d'horreur cheap
- les filtres abusifs, grâce à qui le Mexique ressemble à une ville regardée au travers d'une bouteille d'Orangina
- le bus du violeur, subtilement annoncé par un levier orné d'une tête de mort argent aux yeux rouges (normalement, se trouve sur les ceinturons des mecs de cartels dans d'autres films du même niveau)
- le guest star de Juanez, qui non content de promouvoir la chemise noire à travers le monde, vient donc soutenir les victimes de son pays le temps d'une chanson
- l'intrigue, qui dévoilée donne donc : "à cause de la NAFTA, les femmes mexicaines sont exploitées, violées, tuées. Lorsqu'une femme veut faire éclater la vérité, on la musèle car les USA et le Mexique veulent élargir la NAFTA à toute l'Amérique du Sud (ah tiens, bon soit). À cet ennemi qu'est la mondialisation s'ajoutent les propres démons de la journaliste -née à Juarez et dont les parents ont été tués sous ses yeux- qui redécouvre ainsi ses origines et sa véritable identité."
- et donc une scène pas banale où JLO décide de rester brune au lieu de se reteindre en blonde, sous les yeux ébahis du spectateur qui comprend alors qu'elle est mexicaine dans l'âme, malgré son brushing blond et ses tailleurs du début. Ce geste identitaire si puissant l'autorisera ensuite à déclamer "j'aurais pu être une de ces filles, travaillant dans les maquilladoras et se faisant tuer à la sortie". Oui, toi, journaliste à Chicago, tu as tout compris à la dure réalité des bidonvilles, tout ça en un tour de teinture pour cheveux.
Bref, un film qui sert bien mal sa cause. Je m'arrêterais là et n'ajouterais pas qu'il est limite insultant en regard des faits réels.