Auréolé d'un petit statut culte en terres outre-Atlantique, l'un des seuls films de Noel Black à avoir trouvé le chemin des salles -l'homme ayant plutôt oeuvré pour la télévision- est un moment de divertissement honnête à défaut d’être la petite pépite espérée.
Bien plus intéressant dans sa dernière partie, qui devient le théâtre d’un jeu de faux-semblants inattendu laissant progressivement l’innocence se teinter des traits du fruit défendu, Pretty Poison peine à mettre sur les rails son intrigue un peu poussive. La belle proposition des deux têtes d’affiche, qui livrent tous deux une prestation à saluer, ne parvient pas à combler le manque d’ambition de l’ensemble. Aucun plan marquant, un placement de caméra uniquement fonctionnel, une bande son inexistante, Noel Black se repose intégralement sur ses acteurs et la noirceur qu’il garde sous le coude pour donner un peu de panache à son final.
Mais Anthony Perkins a beau s’égosiller, la maladresse qui caractérise l’écriture de son personnage, pour le faire ressembler à un enfant débordant d’imagination qui a oublié de grandir, peine à convaincre. Du coup sa relation express avec la choupette Tuesday Weld semble aussi disproportionnée que son état mental est exagéré. Le faux agent de la CIA, c’est marrant 5 minutes, ça lasse un peu ensuite, même si les deux trublions se donnent tellement qu’on ne s’ennuie finalement jamais. Dommage que Black n'assume pas davantage son propos parce qu'il faut bien reconnaître qu'il était assez couillu de sa part de faire de la gentille petite Sue An une vipère imprévisible (on comprend à la fin l'intérêt de son jeu de langue 4 étoiles !).
En bref, pas de quoi casser deux index à un tireur de litre, Pretty Poison manque cruellement de personnalité. Je suis peut être passé à côté, mais je reste assez surpris de l’aura dont jouit le film chez nos copains américains.