Ratatrouille

C'est toujours difficile de noter un joyeux nanar comme Les rats de Manhattan qui sur l'échelle du navet mérite un bon 08/10 alors que sur l'échelle du bon goût cinématographique il ne va pas pouvoir cartonner à plus de 02/10, du coup suite à un savant calcul moyen du mec qui ne veux pas trop se mouiller je lui accorde un bon 05/10.
Réalisé par ce bon vieux Bruno Mattei sous le pseudo de Vincent Dawn, Les rats de Manhattan est un post apocalypse du pauvre avec une bande de rebelles tendance cuir et déguisements d'Halloween choppé à la Foirfouille qui vont se retrouver confrontés à une horde de rats aussi belliqueux que particulièrement intelligents alors qu'ils tentent d'investir un rade abandonné... Car oui, loin des grands espaces dévastés et du souffle épique de l'aventure et de l'action, Les rats de Manhattan est un film d'intérieur.
Les rats de Manhattan est un pur joyau du nanar à tel point qu'il est impossible d'en citer toutes les merveilles tant le film regorge de moment d'anthologie de cinéma mal branlé. Les effets spéciaux sont souvent approximatifs comme ses rats mécaniques sur tapis roulant qui même filmés dans le noir ne font pas illusion une seconde. Les dialogues sont parfois hilarants comme le "Dans ton cul" que l'un des protagoniste adresse à des rats neurasthénique qu'il agace avec sa torche. Les acteurs et actrices sont mauvais comme des cochons à l'image du personnage de Myrna interprétée par la française Ann Gisel Glass (qui a tournée avec Godard, Assayas et Doillon) qui est ici totalement hystérique à hurler de terreur en tapant des pieds. Quant aux situations improbables elles sont tellement nombreuses que le film en lui même en est une , entre la black prénommée Chocolat qui danse comme une folle couverte de farine en chantant "Je suis blanche" , le type bourré qui parle à son père mort au téléphone , les deux blaireaux coincés das un sac de couchage , les rats qui déplacent les cadavres pour le fun, le type mort qui se met à gonfler comme une baudruche au point de limite décollé du sol ..... c'est un inventaire surréaliste de poésie maladroite.
Pourtant contrairement à tous ses films cyniques et calibrés pour être d'emblée des navets manufacturés à la chaîne (Sharknado et Cie) il y-a dans Les rats de Manhattan une vraie générosité, une vraie envie bancal de cinéma et une forme de poésie propre aux véritables nanar. Un vrai bon mauvais film est toujours préférable à un véritable mauvais bon film et quitte à bien se marrer je n'échangerai pas 10 minutes des Rats de Manhattan contre l'intégral des films avec Kev Adams.