C'est pas du Bret Hart, mais c'est pas de l'Ultimate Warrior non plus...
S’il est bien un domaine que l’on attendait pas voir traité dans un film français, c’est bien le catch. Pourtant, cette discipline aujourd’hui assez dénigrée en France (même si le boom qu’a connu la WWE à la fin des années 2000 dans notre contrée a bien redoré l’image de ce sport-divertissement) a été pendant des dizaines d’années un gros fournisseur en brute épaisse pour le cinéma d’exploitation français (on a pu ainsi voir apparaître un tout jeune André Le Géant dans un obscur film d’espionnage des années 60 appelé Casse-tête chinois pour le Judoka). Néanmoins, le thème du catch n’a été que peu traité par le 7ème Art et seul The Wrestler a su traiter le sujet avec un certain talent.
Il va donc sans dire que votre serviteur était quelque peu circonspect quand il a appris l’existence des Reines du Ring. Et même si la bande-annonce était assez séduisante, je savais qu’il me fallait raison garder et la raison tient en deux mots : Comédie Française.
Dans ces deux mots tenaient mes deux plus grandes craintes : D’abord parce que le fait de voir le catch traité sur le ton de la comédie me faisait craindre de voir dénigré et maltraité une discipline dont je suis friand ; Ensuite, parce que les comédies françaises ont tendances à se polariser ces dernières années entre deux tendances : D’un côté, les grosses franchouillardises du genre Camping ou Disco (c’est d’ailleurs à se demander si Fabien Oteniente n’aurait pas des parts dans une coopérative maraîchère, vu sa propension à nous servir de manière obstinée des navets) ; De l’autre, les « comédies » du style Bacri-Jaoui qui n’ont de comique que le nom (c’est mon avis, libre à vous de penser ce que vous voulez).
Une fois sorti de la salle, mes doutes s’étaient dissipés car ce film s’avère au final être une bonne surprise.
D’abord, parce que le catch y est considéré à sa juste valeur. Le film dépeint la réalité de la discipline sans condescendance, même si certaines scènes étaient dispensables (s’entraîner tout seul avec juste un matelas en guise de protection n’est franchement pas bien vu des connaisseurs). Magré cela, la dureté du catch est bien montré et met l’emphase sur le fait que la pratique de la discipline doit s’accompagner d’une bonne condition physique. Bref, le catch est ici vraiment pris au sérieux et cela fait plaisir à voir.
Ensuite, le casting tient bien la baraque, avec une mention spéciale à Audrey Fleurot, particulièrement délicieuse (enfin, plus que d’habitude) en caissière mangeuse d’hommes qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins (vous comprendrez quand vous verrez le film). Nathalie Baye s’en tire très bien aussi et Corinne Masiero, bien qu’un poil caricatural, apporte une bonne dose de comique à l’histoire (puis la gimmick de Kill Biloute, fallait la trouver, bravo à celui qui a eu l’idée). Je regrette quand même que certains personnages n’aient pas été plus développé, notamment en ce qui concerne Richard Coeur de Lion (interprété par un André Dussolier très convaincant), personnellement je n’aurais pas craché sur un développement un peu plus poussé du personnage.
J’ai été en revanche été moins convaincu par le scénario qui souffre hélas d’un rythme trop inégal. On peut aussi regretter un manque de développement sur plusieurs points, que ce soit certains personnages (j’en ai parlé au-dessus) ou qu’il s’agisse de la relation entre l’héroïne et son fils. On a une impression que le rythme du film n’est pas maîtrisé et on a comme un petit arrière-goût de bâclé à la fin alors que pourtant quelques longueurs se font ressentir au milieu du film.
Mais cette critique ne serait pas complète si je ne parlais pas du point qui m’a attiré devant ce film : les scènes de catch.
Déjà, le décorum de la discipline est on ne peut plus respecté : Ecran géant, entrées en musique, les vrais commentateurs français de la WWE en tant qu’annonceurs (d’ailleurs, leur laisser un peu plus de place n’aurait pas été du superflu), pas de faute de goût à signaler.
Ensuite, j’ai moins apprécié la réalisation de ces scènes. La faute à un montage trop « vidéo-clippé » et à des angles de vue pas forcément pertinents pour la lisibilité de l’action sur le ring. Le réalisateur aurait été inspiré de s’appuyer sur le travail de réalisation de la WWE pour filmer ces scènes.
Enfin, parlons des performances des actrices sur le ring et force est de constater que le travail a été fait avec sérieux et respect de la discipline. Même s’il semble évident que le match n’a pas été filmé en une fois, la performance n’en reste pas moins respectable. Audrey Fleurot et Marilou Berry tirent leur épingle du jeu et livrent une performance étonnante et tout à fait crédible. Mention spéciale aussi à Nathalie Baye qui, pour une femme de 65 ans, s’en tire particulièrement bien.
Au final, est-ce que Les Reines du Ring est la comédie de l’année ? Non.
Est-ce que Les Reines du Ring est un bon film ? Oui
Même s’il souffre de nombreux défauts, il n’en reste pas moins un premier film sympathique, traitant d’un sujet pourtant clairement casse-gueule (parler du catch de manière comique sans sombrer dans la caricature) et porté par des actrices talentueuses et impliquées (quand on passe 3 mois à s’entraîner comme de vraies catcheuses, on peut parler d’implication). Si vous souhaitez passer un moment agréable dans la fraîcheur climatisée d’une salle de ciné, alors Les Reines du Ring est tout indiqué, que vous soyez fan de catch ou non.