LES RÉVOLTÉS (14,5) (Michel Andrieu, Jacques Kebadian, FRA, 2019, 80min) :


Surprenant documentaire sur le évènements de mai 1968 en France ! En effet, après de nombreux reportages l'an passé commémorant les 50 ans du mouvement protestataire, nous pensions avoir fait le tour sur cette époque, avec les nombreuses images photographiées dévoilées ou diffusées depuis des décennies, mais ce film pavé de bonnes intentions nous éclaire différemment...


Michel Andrieu et Jacques Kebadian opèrent un aller-retour mémoriel et nous offrent un innovant montage révolutionnaire, à travers de nombreuses images méconnues tirés de l’Atelier de recherche cinématographique (ARC), un collectif de cinéma militant créé dès 1967, dont les deux réalisateurs faisaient partie. Deux caméramans au cœur du conflit, dont la mise en scène sur le vif capture l'énergie, le chaos, les nombreux affrontements violents entre le peuple saisissant les pavés, incendiant les voitures et barricades, occupant amphithéâtres et usines, et le pouvoir vacillant à la matraque inflexible, droit dans ses bottes face à l'utopie politique collective. Les Révoltés s'avère être un original assemblage d'archives qui nous fait vibrer de l'insurrection estudiantine jusqu'aux grèves des ouvriers d'usines, et montre les coulisses de la convergence des luttes sans mettre personne aux piquets.


Le récit percutant plonge d'entrée le spectateur dans l'action, sans contextualisation des images, ce qui s'avère être la puissance mais aussi la maladresse de cette chronique dans l'ordre chronologique. Une narration fervente qui illustre le combat transcendé par des meneurs tels Alain Gesmar, Daniel Cohn-Bendit, Jacques Sauvageot notamment et d'autres acteurs emblématiques de l'insurrection. Mais ce long métrage redonne aussi la voix à de nombreux anonymes, sans autres commentaires que les voix off d’époque, les discours à la foi inébranlable envers un nouveau monde, un rêve général où les petits ne seraient plus écrasés par les gros, comme un ouvrier le clame avec émotion : « Nous voulons une société humaine et non une société de profit. ».


Un passionnant document brûlant entre espoirs, illusions, bras de fer contre le capitalisme et désillusions, qui résonne étonnamment avec l'actualité sociale et l'actuelle colère retentissante au sein de notre pays. Du brillant cinéma militant salutaire, avant le Grand Soir....? Brut. Bouillonnant. Fragile. Mouvant.

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le 16 janv. 2019

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