Hiver norvégien, 1915. Dans l'autoritaire maison de redressement de Bastoy, l'arrivée d'un nouveau détenu va chambouler l'ordre établi et faire basculer les consciences. L'esprit de rébellion monte graduellement mais jusqu'où sont-ils prêts à aller ?


Quatrième long métrage du Norvégien Marius Holst, Les Révoltés de l'île du diable est une plongée sombre mais fascinante dans un centre pour jeunes délinquants à l'écart du monde dont les portes sont restées ouvertes jusque dans les années 1970. En puisant dans les archives de cette prison insulaire pour mineurs, le réalisateur s'est rendu compte que la réalité dépassait les rumeurs déjà terrifiantes que ce centre suscitait...


Certains, sans doute, condamneront un hâtivement l'académisme du film sans considérer que ce classicisme est un parti pris qui convient parfaitement à la teneur du récit autant qu'à la description d'une époque révolue.


Sorte d'équivalent norvégien et masculin aux terribles Magdalene Sisters de Peter Mullan, le film de Marius Holst est porté par des acteurs absolument exceptionnels tant du coté des adultes (les célèbres et géniaux Stellan Skarsgârd et Kristoffer Joner) que du coté des adolescents, tous comédiens amateurs et dont certains sont vraiment inoubliables.


Les performances toutes en sobriété et en puissance retenue de Benjamin Helstad, de Magnus Langlete et de Trond Nilssen sont époustouflantes et contribuent grandement à la réussite et à la force émotionnelle du film.


Et la métaphore qui coure tout le long du film du mousse et de la baleine, au travers du récit qu'inventent les deux garçons au fil de leur amitié grandissante est non seulement très pertinente mais elle ajoute ce petit supplément d’âme au film.
D'autant que la peinture de cette amitié n'est ni convenue, ni teintée d'un angélisme ou d'un manichéisme ridicule (On n'est pas dans Les Choristes) et qu'elle est une des grandes forces du récit et du film.


Cette relation entre les deux adolescents est complexe et belle, elle apporte au film une profondeur et une émotion vraiment exemplaire et c'est d'ailleurs là un des vrais points forts du film qui dépasse grandement un récit historique appliqué pour se mesurer à de grands classiques scandinaves, souvent conspués pour leur académisme en dépit de leur puissance visuelle et de la finesse d'écriture du scénario et du jeu des acteurs...


Je pense notamment à la Palme d'or très contestée remise au magnifique Pelle le conquérant de Bille August (à Zappa aussi, du même réalisateur) ou aux premiers films suédois très sous estimés de Lasse Hallström.


King of the Devil's Island (Les révoltés de l'île du diable, chez nous, titre moins fidèle au film) est dans la lignée de ces grands films : classique, certes, mais subtil, captivant, poignant et si injustement passé inaperçu à sa sortie.


Rattrapage indispensable !

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le 13 août 2014

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Foxart

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