Attention, cet avis est un résumé avec spoiler


Ce film provoquait de véritables accès d’impatience dans ma cervelle, tant l’ensemble des critiques visaient à le dessouder, à le frapper dans tous les sens et à le laisser pour mort sur le bas côté. Après un premier opus remarquable et qui s’est révélé être un succès, Luc Besson récupère la franchise en se disant qu’il y a du blé à se faire, et se lance dans la rédaction d’une suite de son cru. Quelques joints, une bonne biture de derrière les fagots, et voilà un scénario et des dialogues torchés comme ils se doivent et prêts pour une exploitation en salle. Reno, en bon yes-man, dit oui à Besson (il lui doit bien ça, les grands Besson sont avec lui), et rempile dans son rôle de commissaire Niémens, aujourd’hui confronté à une affaire aussi sordide qu’hallucinante. Un prêtre plante un clou dans un mur, et voilà que du sang se met à couler. Le commissaire Niémens est donc mis sur l’affaire, sans trop qu’on sache pourquoi (cherchez pas, il fait les chats écrasés dans tout le nord de la France). Il se lance fissa dans un tas de direction, et il en choisit quasi aléatoirement une, et coup de pot, c’est la bonne ! En cherchant dans le passé de la victime, il découvre qu’elle avait été moine et qu’elle avait échafaudé toute une théorie sur l’apocalypse. Parallèlement à ça, un jeune policier arrête un gars halluciné disant s’appeler Jésus, et sujet à des visions étranges. Il parle notamment de l’apocalypse. Un fil assez gros pour permettre de réunir nos deux flics sans que ça ait le moindre rapport précis. D’ailleurs, on appréciera la scène de présentation du jeune flic. Vous trouviez le cassage de gueule de skinhead too much dans le 1 ? Besson, inspiré par banlieue 13, lui fait démolir un appart parce qu’il veut coffrer un dealer et qu’il faut lui péter la gueule avant. Et là arrive alors l’impensable. Nos flics sont confrontés à une bande de yamakasis possédés. Premier bon point : ils ne parlent pas comme des racailles. Deuxième : ils sont fringués comme dans Diablo II. Car ils ne sont pas humains, ces moines. Quand ils tuent quelqu’un, il faut que ça ait l’air religieux. On a donc droit à des mises à morts à coup de pistolets à clous, et sans la moindre raison explicite, à du versage d’or en fusion dans les yeux. Jusque là, les morts défilent sans la queue d’une piste ni les couilles d’une ambiance (on émet l’hypothèse que Besson devait jouer à Diablo II pendant les pauses de l’écriture du scénar). Les acteurs récitent leur texte en ayant l’air investi, mais rien n’y fait. On évoquera à ce titre le climat de l’abbaye, qui semble toujours vivre en plein moyen âge (Besson a-t-il visité une abbaye dans sa vie ? Non, il explorait l’acte I de Diablo II, et il se disait que ça serait cool de refaire le chapitre de l’abbaye corrompue) et qui n’est pas crédible une seule seconde (sans parler de l’anachronisme provoqué à chaque fois qu’un flic met les pieds dans le bâtiment). Et puis, arrivant sans prévenir, c’est le pot-aux-roses ! On nous informe qu’il s’agit d’une secte chrétienne qui veut provoquer l’apocalypse et qui du coup va réaliser les différentes étapes de l’apocalypse selon saint Jean, et cela passe par les meurtres de personnes ayant le même métier et le même prénom que les apôtres de JC, en pleine Alsace-Lorraine… Besson se rend-t-il compte de ce qu’il couche sur le papier ? Il semble que oui, car il persiste dans cette direction incroyable, osant nous imposer un combat débile en plein centre commercial avec des prêtres Diablo II qui surgissent des rayons surgelé pour poignarder un gars dont on se moquait il y a 5 minutes. Niémens enrage, les prêtres Diablo II arrivent toujours avant lui pour tuer les gars (on se demande encore l’intérêt de les tuer, mais c’est la prophétie on vous dit !). Coup de bol : les 4 derniers sont tous réunis dans la même cabane de pêcheur (quelle probabilité improbable !) mais ils sont morts. Heureusement, un moine Diablo II a eu la gentillesse d’attendre les policiers pour les mettre sur la piste, et il se lance dans une course poursuite dans les bois, où apparaît un bunker à mitrailleuse qui débroussaille tout sur un hectare. A se demander si Besson ne regardait pas Predator pendant son script et qu’il s’est lancé dans la même générosité de plomb que l’équipe au moment du « défrichage ». Ils savent qu’il y a un Bunker dans le coin, mais ils préfèrent retourner fouiller l’abbaye qui ne contient rien (mais les moines restent suspects, vu qu’ils vivent eux aussi en mode Diablo II et ont les mêmes habits)… Arrive alors Christopher Lee en chef de secte. Un acteur au charisme magnétique, ici réduit à cabotiner pendant quelques scènes et qui connaîtra une mort rendant assez peu justice à ses talents d’acteur. On notera tout de même l’investissement du personnage dans ses dialogues, qu’il tournera en français avec un accent excellent. Reno et son pote vont interroger un prêtre. Ce dernier tente de leur remettre un objet, mais un yamakasi Diablo II adroit lui arrache des mains pendant que d’autres le clouent avec des flèches sur l’autel. Quelques cabrioles plus tard, ils disparaissent derrière un arbre. Le soir même, un type brûlé est découvert devant le commissariat. On découvre alors un tunnel dans lequel vont nos flics. Coup de pot : c’est le repère des méchants. Les balles fusent dans tous les sens. Puis les méchants balancent une bombe lacrymo, ce qui endort nos flics. Ils se réveillent pour assister à un odieux spectacle : Christopher Lee qui cabotine sans charisme. Le montage tente de nous faire flipper avec l’apocalypse, mais en fait, c’est simplement une conduite d’eau qui lâche. Les yamakasi démoniaques sont happés par une vague et disparaissent dans l’eau (à quoi ont-ils servi, on ne sait pas vraiment, et l'explication expédiée a de quoi faire rire). Nos flics sortent alors du puit, et font une blague dans le commissariat. La même qu’à la fin d’Indiana Jones et la dernière croisade, mais en beauf comme Besson sait le faire, du genre je pète tu rigoles. Ouf, c’est fini. Rappelons que la photographie insiste lourdement sur la saturation des couleurs et la surexposition, ce qui alourdit constamment le visuel du film. Ne parlons pas des dialogues. Malgré un générique rigolo qui filme de l’eau couler sur des statues, la vacuité du projet ne laisse pas de nous faire rire, tant Besson s’est planté en beauté. La preuve en image de ses tendances les plus suicidaires !

Voracinéphile
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le 7 mars 2016

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