Inutile de commencer cette critique par l’éternelle remarque du « Hollywood ne fait plus rien d’original avec ces suites et remakes »… quoique je viens juste de le faire ! Mais en même temps, avec un été qui proposait de nouveaux opus de franchise (Le Monde de Dory, L’Âge de Glace 5, Independence Day 2, Insaisissables 2, S.O.S Fantômes, Peter et Elliott le Dragon, Jason Bourne, Star Trek : Sans limite…), enchaîner sur un mois de septembre, déjà pauvre en blockbusters, n’ayant que deux remakes à son actif en terme de gros films (Ben-Hur et Les 7 Mercenaires), il y a de quoi rager. D’autant plus que question intérêt, nous sommes bien loin d’y trouver notre bonheur. Comme en témoigne le film d’Antoine Fuqua qui, malgré une efficacité et un savoir-faire certains, ne parvient pas à changer la mauvaise image des studios américains.


Si le long-métrage de John Sturges (déjà un remake outre-Pacifique des 7 Samouraïs) avait tout de même besoin d’un coup de jeune, il se suffisait encore à lui-même. Le revoir aujourd’hui ne gêne aucunement ! Mis à part revoir collaborer pour la troisième fois le cinéaste de Training Day avec Denzel Washington, Les 7 Mercenaires version 2016 se devait de se démarquer. Mais comme tout blockbuster de son acabit, le film adopte la politique du « on ne se foule pas » pour livrer au public le minimum syndical, ni plus ni moins. Le scénario ? On reprend la trame d’origine et… c’est tout ! Les seuls changements ? Remplacer le village mexicain par une ville américaine parce que… voilà voilà, c’est moderne ! Des idées au niveau des thématiques ? Faire des mercenaires un groupe ethniquement hétérogène (nous avons un Asiatique et un Natif américain) pour finalement ne jamais exploiter cela… Non, juste l’éternelle histoire que tout le monde connais, avec les mêmes notions de respects, de loyauté et de sacrifice. Oui, c’est plutôt faible ! Même si le film fait par moment l’effort de travailler certains de ces personnages (Sam Chilson, Goodnight Robicheaux et Jack Horne entre autres).


Et comme si cela ne suffisait pas, le long-métrage souffre de bon nombre d’inégalités. A commencer par son casting, qui propose certes de grands noms mais ne délivrant pas le même jeu d’acteur : d’un côté nous avons l’excellent Denzel Washington aidé par un étonnant Vincent D’Onofrio et un sympathique Lee Byung-hun, de l’autres un énervant Chris Pratt (qui ne semble jamais sortir de son rôle des Gardiens de la Galaxie), un Ethan Hawke cabotineur, un Manuel Garcia-Rulfo et un Martin Sensmeier inexistants. Même chose pour les seconds rôles (Haley Bennett, Peter Sarsgaard…). D’autant qu’en termes de scénario, chaque mercenaires n’a pas la même importance scénaristiquement parlant. Un comble pour une histoire mettant en avant une équipe, bien que l’on soit loin de la débâcle Suicide Squad. Et enfin la musique, composée par l’excellent et regretté James Horner mais malheureusement gâchée par le travail de Simon Franglen, qui a complété la bande-originale de compositions sans raccord avec celles de Horner. Et enfin le rythme, qui se montre assez lent pour finalement se terminer sur une orgie d’actions lors de la dernière demi-heure. Bref, Les 7 Mercenaires est un film qui ne respecte aucune équité, se révèle être inégal au possible.


Pourtant, Les 7 Mercenaires version 2016 dégage qui en fait un divertissement de bonne facture, que l’on aura plaisir de voir et revoir. Cela, il le doit à Antoine Fuqua qui, malgré un côté assez impersonnel sur ce coup, fait de son long-métrage une déclaration d’amour. Principalement au genre du western dont il ne fait que reprendre les codes pour magnifier son travail : plans panoramiques pour les grands espaces, le héros solitaire, les ombres, la musique… Tout en y ajoutant tout sn savoir-faire pour faire du final une énorme séquence d’action rudement efficace qui justifie en tout point notre achat. Une déclaration d‘amour également à Denzel Washington, l’acteur étant constamment filmé telle une légende du cinéma (comme cela se faisait avec des comédiens d’époque comme John Wayne). Et ce même s’il vampirise le reste des mercenaires, il irradie l’écran à chacune de ses apparitions donnant ainsi un impact non négligeable à l’ensemble.
Ayant pas mal de défaut à son actif et surtout un sérieux manque d’intérêt qui peut nuire au visionnage, ce remake des 7 Mercenaires est heureusement sauvé par son efficacité et sa star. Un divertissement d’assez bonne facture qui saura faire passer le temps comme il se doit. Pas mémorable pour un sou (pas autant que le film original en tout cas) mais suffisamment emballé pour faire oublier certaines déceptions de ces derniers mois.

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le 18 mars 2017

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