Les Soldats de l'Ombre, un peu dans le brouillard. C'est ce que j'ai aimé dans ce film: une logique pseudo-manichéenne à géométrie variable. En effet, il y a les horribles nazis envahisseurs d'un côté (certes, il y a un homme derrière chaque nazi mais ici ce n'est pas de cela que l'on parle, d'autres filment mettent en scène cette nuance), un réseau de résistant plutôt obscur et surtout dans chaque camp des personnes guidées par d'autres intérêts et qui tentent de tirer leur épingle du jeu. Ce qui crée un joyeux bordel dans lequel tous les intéressés se positionnent peu à peu et élisent nos deux hommes de conviction comme les dindons d'un farce honteusement amère.
Le suspense est intenable: qui est sincère là-dedans? Le chef local de la résistance qui dit recevoir des ordres de Londres sans en apporter une quelconque preuve? L'agent double dont Flammen tombe amoureux? En définitive, personne et tous les opportunistes s'y retrouvent. Même le père de Flammen est un véritable opportuniste, que son fils risque sa peau et lutte ne lui fait pas l'ombre d'une inquiétude, tant que son business tourne.
Dans les deux protagonistes principaux, on sent, on vit, cette tension et ce questionnement:
A quel repère se raccrocher? Faut-il suivre comme un bon soldat ou remettre en question les intérêts de chacun?
Ils sont pleinement livrés à eux mêmes et aux affirmations souvent mensongères et perturbantes de leur entourage, ce qui les mènent à faire des grosses bourdes sans le vouloir, souillant leur intégrité morale. Flamme tente de rester critique mais n'y arrive finalement pas dans cette brume d'informations contradictoires, tandis que Citron se pose un peu moins de questions et affirme ne tuer aucun innocent. Ces deux positionnements ne seront malheureusement pas leur salut.
Un film plutôt complexe, à l'image des comportements humains lorsque ceux-ci sont plongés dans un contexte ne garantissant aucune perspective sûre et aucune garantie, dans lequel prendre parti pour un camp ou l'autre n'est jamais un choix pleinement juste. Ca n'a pas du être facile de vivre à cette époque et de faire des choix aussi vitaux, le film met bien en lumière ce fait.