Une sympathique (Tor)tuerie de son Temps

Les Tortues Ninja. Célèbres reptiles nés à la base comme pastiche des super-héros sombres à la The Dark Knight Returns et qui sont devenus tellement célèbres qu'ils ont fini par se faire plus ou moins plagier par tout un tas d'animaux avec une activités cool. Mais bon, je vais pas tout raconter parce que sinon, la critique ne serai jamais rédigé et que de toute façon, d'autres l'ont déjà fait et le feront mieux que moi (je vous invite pour le coup à aller voir les vidéos de Meeea sur le sujet, c'est très très cool). Me concernant, j'ai jamais réellement grandi avec les Tortues, à l'exception du dessin animé de 2003, que j'avais bien aimé (et qui a un générique qui déchire, n'en déplaise au JDG).

Mais oui, qui dit succès dit donc adaptation. Ce qui nous a permit de profiter, bien avant 2003, d'un premier dessin animé sorti dans les années 80 et surtout, d'une trilogie de films en live action (ainsi que pleins d'autres trucs pour lesquels tout l'monde s'accorde à dire que c'était pas terrible). C'est via divers critiques que j'ai découvert l'existence de ces films et c'est notamment leur retour sur le premier film qui m'avait intrigué. J'ai donc fini par en acheter le Blu-Ray, en m'assurant d'avoir la bonne VF dans cette version.

On a donc le droit à un film avec un scénario qui semble de base, au premier abord, simpliste, mais appréciable. Une histoire de créatures ninjas se cachant de la société qui veulent sauver leur maître, enlevé par un clan de ninjas criminels, et qui se feront aider par une journaliste et un vengeur masqué, le tout ancré dans une ambiance très typique des années 90. Cela dit, le film propose quand même plusieurs sens de relectures intéressants, comme le traitement de la colère, de la relation paternelle ou encore des freaks, ce qui le rend plutôt intéressant, malgré son apparente simplicité. Par contre, ça n'empêche pas le film d'avoir un point scénaristique assez bof, à savoir le but des méchants qui est de pervertir la jeunesse pour… Leur faire voler des trucs. Et c'est tout. On ne saura pas pourquoi ils volent des trucs, dans quel but, ils volent juste pour voler. C'est assez bof comme objectif on va pas se le cacher.

Surtout quand on nous vend un méchant comme Shredder en fait. Alors oui, quand tu te rends compte que c'est une sorte de Dark Vador un peu cheapos dans ce film, tu ne vois plus que ça, mais il arrive malgré tou à rester plutôt classe et imposant (du moins, jusqu'à la fin, mais on y reviendra), mention spéciale à sa voix en VF, qui est sacrément imposante. On peut également ajouter dans le lot des personnages positifs les Tortues, qui sont plutôt agréables, le genre de pote avec qui t'as envie de passer une bonne journée (bon malgré certains moments, mais on y reviendra), balançant quelques one liners et autres tirades rigolotes bien senties. J'avais peur qu'elles soient pénibles mais non, ça va. C'est juste dommage que Donatello soit bien plus mis en retrait que ces trois compères, à la limite d'un William ou d'un Jack Dalton, mais c'est pas trop grave. Cela dit, tous les personnages ne sont pas aussi appréciables mais là encore, on y reviendra (ça fait beaucoup de "on y reviendra" quand même).

Je tiens également à souligner que les ambiances du film sont chouettos. J'ai déjà parlé des ambiances des années 90 qui sont probablement aussi bien reflétées que dans Jackie Chan dans le Bronx, mais les ambiances sombres bien poissardes proposées par le film sont également de très bonnes factures. On aurait pu croire qu'un film Tortues Ninja serait uniquement coloré et cartoonesque en fleurtant aux alentours du ridicule, vu que le DA de l'époque était plus populaire que le comics, mais non. Le film se base bien plus sur le style sombre qu'avait proposé ce dernier et au vu du résultat, je n'ai qu'une chose à dire et c'est chapeau.

Bien sûr, en tant que comédie d'action, le film propose également des combats sympathiques mais… Sachant que ces scènes de combats ont été supervisées par la Golden Harvest et après avoir vu d'autres films d'arts-martiaux réalisés par cette société (les deux premiers Police Story, les deux Marin des Mers de Chine, Mister Dynamite et Opération Condor entre autre), j'ai pas pu m'empêcher de trouver ça un poil mollasson comparé à ces films. C'est toujours des chouettes combats je dis pas, mais je pense que ça aurai pu être bien mieux. Ça reste cependant bien mieux que le climax du film, qui lui pour le coup est complètement raté. Autant je veux bien croire que certaines actions semblant stupides collent avec le thème de la colère, autant le coup des Tortues qui attaquent une par une Shredder au lieu de le faire toutes ensembles ou Shredder qui se fait battre avec une simple esquive, c'est juste débile ou décevant. Dommage.

Quant aux effets spéciaux, ce sont à eux seuls les éléments qui ont clairement le moins vieilli dans tout le film. En effet, les costumes utilisés pour Splinter et les Tortues, qui sont réalisés par Jim Henson (le créateur des Muppets, qui nous a malheureusement quitté durant la réalisation de ce film) et son fils, semblent toujours aussi crédibles aujourd'hui, même durant les scènes de baston, ce qui n'est clairement pas négligeable car du coup, on y croit à cet univers et ça nous aide à avaler certains points scénaristiques plus facilement (comme Splinter apprenant les arts martiaux en regardant son maître s'exercer par exemple).

Parce que oui. Comme je l'ai mentionné plus tôt, ce film a vieilli… Certes c'est une grosse capsule temporelle des années 90 et ça en reflète les bons côtés, mais aussi les pires travers et ça rend le film moins appréciable aujourd'hui… Car on y retrouve le fameux sexisme toléré de l'époque, avec des protagonistes mâles bien lourdos à certains moments et April O'Neil, la seule femme du métrage qui a peur des rats et qui a besoin de se faire sauver régulièrement ou de se planquer lorsqu'il y a des combats, y'a de quoi s'en tirer les cheveux aujourd'hui. Mention spéciale à Casey Jones, qui était un de mes personnages préférés dans le dessin animé de 2003, mais qui est ici le bon gros male alpha bien lourd qui peut pas s'empêcher d'avoir au moins une fois un comportement homophobe pour montrer que c'est un vrai mec avec du poil au menton. Je sais pas s'il est comme ça dans le comics original ou dans le premier DA, mais ça le rend quand même assez détestable. Ah et au cas-où, j'ai vérifié ça vient pas que de la VF et de son fameux "Salut PD" qui n'est pas dans la VO, puisqu'il y a un autre passage où c'est insinué dans les deux versions.

Reste donc la VF, qui est de très bonne facture et sur laquelle je n'aurai pas grand chose à redire (je le rappelle, je parle bien de la VF originale, pas de la VFQ qui l'avait remplacé pendant un temps).

En bref, on se retrouve avec un bon film de son époque comportant quelques défauts, mais que je ne recommanderai qu'à un public averti aujourd'hui à cause de ces derniers aspects que j'ai pu mentionner. En tout cas, ça m'a redonné envie de m'intéresser un peu plus à la licence donc qui sait, peut-être que ça sera mieux par la suite ?