Cela fait maintenant plus de dix ans que le Palmashow poursuit une ascension dans le domaine audiovisuel. S’ils se sont fait connaître dès les années 2000 avec des sketchs parodiques sur internet et notamment via YouTube, Grégoire Ludig et David Marsais connaissent une première consécration grâce à des grosses productions telles que C8, TMC, ou TF1 au début des années 2010. Une carrière qui s’écrit donc au rythme des programmes télé dont ils s’inspirent pour écrire leurs sketchs, et qu’ils envahissent petit à petit avec leur humour. Un média, qu’il connaisse bien, une expérience qu’il maîtrise, et un talent naturel indéniable qu’ils mettent également à profit dans leurs propres comédies au cinéma. Après avoir épaté tout le monde en 2016 grâce au très sympathique La folle Histoire de Max et Léon de Jonathan Barré (leur réalisateur attitré), et après la parenthèse Mandibules de Quentin Dupieux dans lequel ils jouent les personnages principaux, c’est avec Les vedettes qu’ils prennent à nouveau le pari d’éblouir nos salles obscures.
Les vedettes est une bonne comédie. Ce n’est pas un chef d’œuvre, loin sans faute, mais c’est un film qui maîtrise son domaine grâce à un sens de l’écriture propre aux deux chefs d’orchestres qu’on connaît bien, mais qui est aussi desservi par la réalisation efficace d’un Jonathan Barré qui comme à l’accoutumé, parvient à « sublimer » leur travail d’écriture (d’après les mots de David Marsais en interview). Le film, s’il est bien moins ambitieux que leur premier qui se voulait être une véritable aventure avec un plus gros budget, nous raconte l’histoire de deux collègues de travail qui, ayant besoin de rembourser leurs dettes au même moment, décident de se lancer ensemble dans la conquête des jeux télévisés pour se faire de l’argent. Ces deux hommes, qui n’ont a priori rien en commun et semblent se détester, sont en réalité bien plus similaires qu’il n’y paraît, surtout aux yeux des studios des jeux télévisés qui se réjouissent de la présence de deux « vedettes » dans leur show. Le résultat est drôle, prenant et bien tenu et ce n’est pas étonnant car Grégoire et David reviennent à l’essence de leur travail, à savoir la parodie. Un domaine qui, s’ils le maîtrisent sur Youtube dans des formats de 4-5 min, se l’approprient encore plus dans ce long métrage puisqu’ils s’en servent pour raconter une histoire, celle d’une amitié naissante entre deux hommes. Un sujet qui leur est évidemment propre, et dont on sent qu’ils n’ont pas fini de l’explorer, puisqu’il s’inscrit dans la poursuite de leur précédent film qui racontait déjà plus ou moins la même chose.
De ce fait, je trouve Les vedettes bien au-dessus des comédies françaises « grand public » un peu lourdes qu’on peut trouver en salles de nos jours (du style 30 jours max, Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu, etc.) en ce qu’il s’inscrit dans une véritable démarche de sincérité. Par ailleurs, le traitement de l’image est intéressant avec une photo et un cadre maîtrisé et approprié à l’histoire. Je trouve aussi les décors intéressants notamment sur les plateaux télés qui parviennent à nous faire croire à ces jeux inventés (même s’ils sont évidemment tirés de la réalité).
Au final, qu’est-ce qu’il en ressort ? Eh bien d’une part un moment très agréable à vivre en salle, de l’humour et de l’empathie pour ces deux personnages un peu perdus face à une société qui les dépasse. Mais aussi les paroles d’une chanson qui, je pense, vous resteront en tête pendant quelques temps, et qui vous donneront surement envie de, pourquoi pas, « devenir chanteur ».