Lane, un vétéran de la guerre civile reconverti dans les braquages en tout genre, et sa troupe de joyeux drilles non moins recommandable sur le plan moral, sont engagés par la veuve Lowe pour retrouver l'or que son défunt mari et neuf autres bandits avaient dérobé dans un train quelques années plutôt et enterré quelque part sous le sable brûlant du désert mexicain pour le remettre aux autorités et ainsi laver le nom de son fils et, accessoirement, le sien. Mais si sa localisation précise n'est plus connue à présent que d'elle seule, les sept associés de l'époque encore en vie voient d'un très mauvais œil cet altruisme soudain et réunissent une horde sauvage plus ou moins compétente pour se lancer sur les traces de Lane et ses hommes et ainsi de récupérer leur or perdu.
Pitch simpliste mais ô combien efficace. Si la scène d'ouverture (très bien foutue au demeurant), qui montre un cowboy solitaire filmé à hauteur de Colt attendre sous l'assaut soutenu des rafales de vent du désert environnant l'arrivé d'un train, laisse craindre un instant une énième tentative d'Hollywood de s'emparer de l'identité crépusculaire et désabusé des westerns spaghettis de ce début d'années 70, la suite du film ne fera que démentir ce court état des lieux : nous avons à faire à un bon vieux western d'antan comme l'industrie du rêve américain en produisait des pelletés dans les années 40 et 50 (avec quelques mouvements de grues en plus). Pas de plans serrées sur les trognes patibulaires des pistoleros et des chicanos à leur trousse, pas de musique grinçante et lancinante à vous crever les tympans et pas de dialogues non verbaux à base de regards démonstratifs donc, mais maints plans larges de la sierra mexicaine et du désert du Durango, envolées symphoniques majestueuses et considérations philosophique sur le temps qui passe.
Plus qu'une tentative d'imiter le style spaghetti ou de retrouver l'élan des westerns des années 40 de Ford, Walsh, De Toth ou Wellman, The Train Robbers est un vibrant hommage à un style, une ambiance qui donna au genre ses lettres de noblesses. Sans avoir d'identité propre Kennedy, qui officia également beaucoup comme scénariste dans les années 50, s'est toujours efforcé de raviver la flamme d'une époque révolue à travers ses films. Qu'il reprenne les rennes de la suite des Sept Mercenaires ou qu'il tourne avec les grands acteur de l'époque (Mitchum, Wayne, Douglas, Ford ou Fonda) n'a rien d'un hasard mais dénote plutôt d'un immense respect pour des films, des acteurs qui ont jalonné sa carrière de cinéphile.
Mieux que The War Wagon sorti en 1967, The Train Robbers s'approche d'une forme d'épure assez inattendue qui contraste avec l'ambiance très classique des précédents films du réalisateur. S'il ne sait pas toujours bien placé sa soufflerie, il sait en revanche toujours où poser le pied de sa caméra, ne pas ménager son spectateur en morceau de bravoure (trois attaques au milieu du désert dont une dans les entrailles d'une locomotive perdue et une fusillade nocturne dans un petit patelin en proie au flamme) mais également instiller l'humour quand on s'y attend le moins (la fin du film est aussi drôle que totalement inattendue). Sous son objectif bienveillant, les deux amis et légendes Wayne et Johnson se retrouvent une dernière fois dans l'Ouest qui les a vu naître et les fit entrer au panthéon du cinéma Hollywoodien.