Lesson of Evil
6.7
Lesson of Evil

Film de Takashi Miike (2012)

Lesson of the Evil se présente comme un passeport vers la respectabilité pour son réalisateur. Miike a effectué un travail ambitieux et conformiste, sur le sillage de Memories of Murder, J’ai rencontré le Diable et des autres grands thrillers d’extrême-Orient qui ont accédé à la reconnaissance internationale. Mais à quoi bon ? Il exécute cette performance trop tard de toutes façons. Et si le film est excellement noté, il n’a pas été l’occasion d’une nouvelle perçée. Car le nom de Miike est connu pour trois films principalement (Audition, Ichi the Killer, Visitor Q) ; les spectateurs ignorent généralement qu’il est un cinéaste bis abattant cinq à dix films par an.


Cette conformité est une donnée froide. Aku no Kyoten pouvait tout à fait être un film passionnant. C’est un spectacle totalement vain, égal, incolore. Son prétexte est un serial killer se cachant sous la façade d’un professeur rayonnant. À l’abri des regards, celui-ci pratique le chantage (sur une affaire d’homosexualité entre un enseignant et un élève), tourmente, mystifie et bien sûr assassine. Le personnage rappelle Javier Bardem de No country for old Men, ce Hasumi Seiji (Hideaki Ito) se délectant à peine de ses activités malveillantes, les accomplissant comme une compulsion, voir une vocation fondatrice de son identité, sans jugement ou considération quelconque.


Pendant les trois premiers quart-d’heure, le film est pesant, besogneux. Lorsqu’un élève (Keisuke Hayami) se trouve informé par un prof décalé de la possibilité des activités criminelles de Yamada, début de décollage, vite tassé à son tour. Il faut attendre la prise d’otage et fusillade des 40 dernières minutes, constituant finalement le cœur de tout ce programme, qui n’aura eu qu’à se remplir tranquillement jusqu’au climax justifiant tout. Cette longue séquence est d’une vacuité à rendre jaloux Jason Verhoees (les Vendredi 13). Il y aura la scène de carnage accompagnée d’un air de crooner, afin d’ajouter une once de classe américaine à l’ambiance.


Aku no Kyoten, renommé Lesson of the Evil pour le marché occidental, jouit d’une mise en scène lisse, simple, très conventionnelle, où Miike fait la démonstration d’une grande élégance. En ce sens c’est un accomplissement a-priori, mais le résultat est rigide voir régressif. Seule la chanson »Mackie Masser » apporte au film une identité véritable. Pendant plus de deux heures, Lesson of the Evil laisse totalement inerte, dans l’attente, n’y répondant que tardivement, de manière vulgaire et pas grossière, carrée et pas du tout efficace. Takashi Miike peut passer à la publicité mainstream sans problème, il peut aussi devenir un virtuose anémique. Lors du final pervers, une suite est promise. Après tout, les arguments sont là.


https://zogarok.wordpress.com/2015/10/27/lesson-of-the-evil-aku-no-kyoten/

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le 2 nov. 2015

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