La maestria d'exécution martiale est purement jouissive.

Le film m’a été teasé par des Youtube shorts. Et ce fut une sacré surprise.


Le film alterne les cadres collés au corps, pour insister sur la technicité des coups portés et les coups au sol pendant l’exposition, et les plans larges pour les éléments dramatiques du film: la rencontre amoureuse, la confrontation avec un parent difficile. Le film dispose de deux narrations imbriquées l’une dans l’autre. D’abord, d’une intrigue nerveuse, celle d’un enseignant d’un club d’arts martiaux de quartier, compétent, pédagogue, et davantage performant que son humilité montre. Ensuite, l’enchainement du climax et des crises forme un développement vif et dynamique.


Puis, le rythme monte en puissance, notamment lors de sa confrontation avec un ancien concurrent professionnel. L’échange de coups, la musique et la photographie… Tout dessine une danse hypnotique voire poétisée, entre un ancien combattant de haut niveau et l’actuel détenteur du titre mondial. La confrontation est magnifique, ce qui a occasionné plusieurs retours en arrière pour admirer les techniques et stratégies employées. La distribution offre de très bonnes prestations notamment Luke Ford, excellent dans son rôle d’ex-mari vindicatif et sadique, Annabelle Stephenson et Masa Yamaguchi.


En me renseignant sur les acteurs du film, notamment les instructeurs et les élèves, je suis tombé sur le site teamelitestore.com, et quelle ne fut pas la surprise: le premier instructeur n’est pas Maître Alex, mais maître Bren Foster. Comme dans *Life after Figting*, sa sœur occupe un poste administratif, les instructeurs apparaissant dans le film sont ceux de l’école, et la petite fille en photo sur le site ressemble à s’y méprendre à la nièce du protagoniste. Bref, le film réutilise des locaux existants et des membres réels d’une école d’arts martiaux.


Ce qui est très intelligent; louer un studio et des équipements auraient coûté cher, et l’impact financier a du être amoindri par ces décisions. Cela rappelle les costumes volés pour le tournage du premier *Mad Max,* la réelle course poursuite entre le réalisateur de *French connection* et des policiers pour les besoins de son film, et tant d’autres anecdotes de tournage.


Peu de films d’action offrent de véritables orgasmes de baston. Je parle d’un truc simple et sec. Une séquence où on peut ressentir la douleur des combattants parce que le sang gicle, les jambes sont brisées et les crânes explosés, le tout mis en scène avec générosité.


Ce sont des scènes qu’on peut trouver dans *The Raid* (2011), *The Raid 2 Berandal* (2014), *Warrior* (2011), *Hummingbird* (2013), *Gunman* (2015) ou même le récent *The swordsman* (2020). Petit apparté sur *Hummingbird*, pour une raison que je ne comprends pas, le titre est devenu “Crazy Joe” en France et “Redemption” en Allemagne. Cela a fait du tort au film: le film n’est pas un film d’action mais un thriller dramatique. J’espère que *Life after fighting* ne connaîtra pas ce destin.


Dans le film, l'action n'est pas omniprésente: c’est pour cette raison que le combat final fait tellement de bien, en voyant les méchants avoir super mal. Pour reprendre une phrase de Stéphane Bouley, “Sans esbroufe inutile, sans cool-attitude à la mords-moi-le-noeud, sans poses débiles pour vendre des figurines”. La maestria d'exécution martiale est purement jouissive.


Il y a trois éléments du film que j’ai apprécié par leur vraisemblance:


1°) quand le protagoniste sollicite l’aide d’un des élèves policier, ce dernier ne connait pas le nom de l’ex-mari de Samantha avant d’expliquer que c’est bon signe, ce que contredit tout le reste du film. L’ex est juste passé entre le mailles.


2°) j’ai également apprécié que le protagoniste se fatigue physiquement et émotionnellement par des combats intenses et longs dans la crise finale.


3°) la montée de la tension entre Ethan, incarné par Masa Yamaguchi, et le héros. Les deux combattants semblent ressentir la dangerosité de leurs adversaires. Pour cette raison, ils se préparent en accélérant leurs pouls et en prenant une pose martiale en mimétisme. La musique devient dès cet instant rythmée. Cela m’a beaucoup rappelé le combat final de The Raid 2, opposant Rama et l’Assassin (https://www.youtube.com/watch?v=uMje7SrCtPI). Dans les deux films, la bande sonore occupe une place centrale. et dans les deux films, on ressent l’enthousiasme et la prudence du protagoniste.


Bien sûr, le film n’est pas exempt de défaut.


Ainsi, le protagoniste, avec des petits airs d’Adam Croasdell dans *Supernatural*, est détaché de ses émotions et se montre nostalgique dans la première moitié du film. Au contact de Samantha et de son ex-mari, il se connecte aux autres et affiche les émotions qui le déchirent: colère, désir, réticence. Mais vers la fin du film, il redevient ce personnage mutique et nostalgique du début. Autre pont dérangeant: le barbu chauve et colérique. C’est un personnage qui se fait défoncer par le protagoniste au début du film, puis une deuxième fois, vers la résolution. Et d’un seul coup, il se montre techniquement bon et meilleur combattant, capable de pousser le héros dans ses retranchements. Il se fait quand même détruire, mais il durera plus que tous les autres. Dernier point négatif: ni le synopsis ni l’affiche ne rendent grâce au film. Mieux aurait v alu une image poétisée, un peu comme *A bittersweet life*.


Que devenir quand on ne peut plus se battre? La fin du film répond à cette question: quelqu’un qui est là pour les siens. En bref, un acteur, réalisateur et scénariste à suivre. Ce serait dommage que ce soit le début d’une franchise, et j’aurais plaisir à découvrir les prochains films de maître Bren Foster.


une dernière question me taraude: où sont passés les timtams?

Aqendath
7
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le 22 juil. 2024

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