Deadline est le second et presque l'unique film du réalisateur d'origine maltaise Mario Azzopardi dont la carrière se fera ensuite presque exclusivement à la télévision en tant que réalisateur pour diverses et nombreuses séries. Un film tourné au Canada et qui restera presque quatre ans dans les cartons avant de finalement sortir sur les écrans. Avec Deadline, Mario Azzopardi nous plonge dans les tourments et les hésitations créatives d'un auteur et scénariste spécialisé dans l'horreur.
Deadline raconte donc l'histoire de Stephen Lesse, auteur et scénariste à succès de récits horrifiques et sanglants. L'homme se retrouve toutefois confronté aux doutes lorsque des étudiants lui reproche de contribuer cyniquement à la violence du monde par mercantilisme alors que dans le même temps un producteur le pousse à lui servir au plus vite un énième récit horrifique dont il a le secret. Devant faire avec une épouse abandonnée et dépressive ainsi que des enfants délaissés, Stephen Lesse commence à perdre pied entre fiction et réalité.
Deadline est un récit assez classique mais régulièrement traversé de scènes horrifiques issus de l'imagination de cet auteur en quête de sens, d'inspiration et de paix intérieur. Qu'elles soient issus d'anciens écrits, de films ou qu'elles soient imaginées pour satisfaire un producteur avide de remplir les caisses, ces séquences presque autonomes au récit principal viennent régulièrement s'inscrire dans la narration du film de la même manière dont l'horreur parasite le quotidien de cet auteur souhaitant réorienter sa carrière vers une peur plus profonde et psychologique. Deadline est donc une histoire globalement assez banale d'écrivain en panne d'inspiration et qui se remet en question, mais le film reste larvé de visions horrifiques et gore assez réjouissantes qui interviennent de façon presque aléatoires dans le film. C'est ainsi que l'on verra un homme happé par une immense machine outils sous le regard d'un bouc noir, des nonnes cannibales, une douche de sang, des gosses qui crament vive leur grand mère attachée sur un lit, un groupe de rock dont la musique tue ou une série de pendaison macabres … Alors bien sûr le film aborde cette éternelle et discutable question de l'impact et la contamination des images violentes et horrifiques fictives sur le monde réel car l'horreur de la fiction va finir par s'inviter dans la réalité de cet auteur lorsque ses propres enfants finiront par reproduire ce qu'ils auront vus dans l'un de ses films. Fort heureusement Mario Azzopardi ne joue pas trop la carte de la morale assourdissante et préfère montrer que c'est l'abandon parental qui est finalement bien plus responsable du drame que le film d'horreur visionné en lui même.
Deadline est un film assez particulier car il dresse une galerie de personnage peu reluisants et finalement assez peu aimables. Cet auteur se révèle assez prétentieux et autoritaires, ses gosses sont souvent insupportables, sa femme toxico et dépressive semble en perdition sans chercher à se maintenir à flots et autour de cette cellule familiale en décrépitude on trouve un producteur cupide ou une starlette de cinéma qui se la pète un peu sur un minable tournage de série B inspirée d'un des récits de l'auteur. Au moins lorsque l'horreur viendra s'inviter dans le quotidien le film aura semer suffisamment d'indicateurs annexes pour ne pas incriminer la fiction horrifique à elle seule. Niveau casting on retrouve principalement Stephen Young (Soleil Vert – Patton) dans le rôle de l'écrivain et l'on aura aussi plaisir à reconnaître Cindy Hids la jeune gamine blonde vue dans Chrosmosome 3 de David Cronenberg.
Deadline n'est pas le plus palpitant des récits mais le film de Mario Azzopardi possède une manière assez original d'introduire l'horreur et il propose au final un petit film horrifique assez agréable à regarder.