Voilà un film qui exerce sur moi une étrange fascination depuis ma plus tendre enfance. Souvent classé dans la catégorie comédie musicale, il n'en est pas vraiment une puisqu'il ne comporte qu'une seule chanson et deux numéros dansés. On peut sans doute l'expliquer par la présence au générique de Leslie Caron (qui venait de faire le sublime "Un Américain à Paris") et de Charles Walters (spécialiste du genre) à la réalisation. En fait, je ressens en le visionnant comme une impression de conte de fées cauchemardesque. Leslie Caron, parfaite dans son rôle, y incarne une jeune orpheline de 16 ans, très innocente et naïve, voire même simplette. A la recherche d'un petit boulot, elle fait la connaissance de trois hommes travaillant dans une sorte de petit cirque ambulant. L'un d'eux est un playboy arrogant (Jean-Pierre Aumont). Le deuxième (Mel Ferrer) est un ancien danseur devenu marionnettiste en raison d'un accident qui a mis fin à sa carrière, ce qui l'a rendu particulièrement hargneux et colérique. La jeune fille va naviguer entre ces deux hommes, qui vont finalement se comporter de façon assez cruelle avec elle. Lili va très vite tomber sous la fascination des quatre marionnettes animées par Mel Ferrer, dialoguer avec elles et, en fin de compte, se mettre à croire que ces personnages sont réels. Ce qui va donner un curieux mélange à ce film, entre film pour enfants (en raison de la présence des marionnettes très charismatiques et à la fois un peu effrayantes), film fantastique (car on en vient presque à croire, tout comme Lili, que ces marionnettes sont vivantes), film musical, drame psychologique... Bref, j'ai toujours conservé une attirance pour ce film assez curieux, que je ne peux que conseiller aux amateurs de films de cette époque.