Après quelques courts, la fille du tant aimé Robin Williams, Zelda, passe le pas du premier long-métrage en s'adjoignant les services de la célèbre scénariste de Diablo Cody, connue pour ses collaborations fructueuses avec Jason Reitman et également "Jennifer's Body" (moins pour le reste). Et c'est d'ailleurs dans la veine de ce dernier, dont il partage officiellement le même univers, que "Lisa Frankenstein" s'inscrit, proposant cette fois un teen-horror movie situé en 1989 et allant clairement lorgner du côté des films de Tim Burton de cette époque pour une revisite du mythe Frankenstein mâtiné de préoccupations résolument modernes.
Vilain petit canard d'une famille recomposée autour d'une affreuse marâtre, Lisa est une lycéenne effacée qui peine à faire part de ses sentiments à l'élu de son coeur. Lors d'une fête qui tourne mal, elle ressuscite par mégarde un jeune homme de l'ère victorienne, décédé le coeur brisé et enterré dans le cimetière oublié que l'adolescente affectionne pour s'isoler du reste du monde. En compagnie de ce cadavre ambulant caché dans l'armoire de sa chambre, Lisa décide de reprendre sa vie en main, quitte à mettre ses proches en danger de mort...
À l'image de son héroïne, Zelda Williams ressuscite donc elle aussi toute une époque à l'écran et, plus particulièrement cette imagerie d'un certain âge d'or des 80's, où les canons habituels du teen-movie se sont vus peu à peu contaminer par une dose d'horreur chargée de matérialiser les affres de l'âge adolescent sous une forme évidemment plus atypique (et sympathique). Au sommet de ces comédies horrifiques plus ou moins légères, est venu s'imposer un certain Tim Burton qui, par son univers sombre, a tout simplement transcendé le genre pour l'amener vers des firmaments artistiques uniques en quelques titres, de "Beetlejuice" à "Edward aux Mains D'Argent", restés cultes dans toutes les mémoires. Et donc dans celle de Zelda Williams, à un point qu'elle en a décidé de proposer un complet décalque aujourd'hui, en 2024, autant sur le ton que sur la forme, par l'intermédiaire de "Lisa Frankenstein" qui, hélas, n'a pas grand chose à y injecter de neuf pour dépasser le stade de la simple resucée nostalgique un peu vaine.
Certes, la plume de Diablo Cody est là pour y apporter un vent féministe contemporain plus appuyé, détournant notamment les stéréotypes masculins du teen-movie avec l'objectif de montrer que le mal est bien disséminé chez tous les catégories de mâles, et, au-delà du facile copier-coller de la direction artistique sur les standards les plus clichés des 80's, la mise en scène de Zelda Williams est traversée de quelques idées prometteuses pour l'avenir (les séquences en noir et blanc, celles centrées sur l'intime de son duo infernal), mais cela fait au final très peu de choses originales à apporter à un long-métrage s'apparentant à une photocopie pas vraiment nécessaire et trop sage des stéréotypes de l'époque (autant regarder les modèles du genre).
Non pas que "Lisa Frankenstein" soit totalement ennuyeux, le film n'est pas si déplaisant à découvrir, le casting a l'air de franchement s'y amuser (Kathryn Newton fait ici clairement oublier son personnage insupportable de fille d'Ant-Man), on est quelque part récompensé de l'avoir suivi par sa dernière partie un peu plus mordante que le reste en termes d'émotions provoquées, mais, en restant constamment dans un champ ultra-référencé, sans avoir de nouvelles pierres tombales à apporter au cimetière de joyeusetés teen-morbides dans lequel il a élu domicile, il est difficile de nier que cette variation 80's du mythe de Frankenstein aura eu mal à revenir d'entre nos souvenirs morts passé son visionnage.