Country Road
Alors qu'il avait annoncé vouloir arrêter la réalisation après Ma vie avec Liberace, Steven Soderbergh revient avec Logan Lucky, retrouvant le film de braquage, là où il a déjà brillé par le passé...
le 3 nov. 2017
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Durant les années 90, il y a eu le troisième âge d’or des studios Disney et le grand retour du cinéma indépendant américain après une succession d’échec commercial douloureux durant les années 80. Parmi les cinéastes qui constituent cette nouvelle génération et qui on donné un nouveau souffle au cinéma indépendant, on y trouve Quentin Tarantino, Martin Scorsese, David Fincher, Joel et Ethan Coen mais aussi Steven Soderbergh.
Pour les films que j’ai pu voir, si je devais résumer en quelques lignes Soderbergh, je dirais qu’il fait très produit 90’s car la principale période de succès qui constitue sa carrière se situe à cette période. A l’image de son tout premier film l’excellent Sexe, mensonge et vidéo qui a propulsé sa carrière lui permettant de mettre en image plusieurs films indépendant comme l’injustement méconnu Kafka. Mais après les très bons Erin Brockovitch et Traffic, Soderbergh s’est essoufflé dans les années 2000 à partir d’Ocean’s Eleven et a cumulé plusieurs commandes dans le lot comme Contagion et Effets secondaires, tout deux oubliables sans être des navets indigeste. Il reste bien 2 ou 3 films plus personnel comme The Informant! mais en dehors de ça, je n’ai pas souvenir qu’un seul de ses films aient vraiment fait fureur ou ait enchanté la critique américaine ou internationale, en tout cas rien que je retienne en tête personnellement.
J’aurais aimé qu’il en soit de différemment avec Logan Lucky, surtout au vu des premiers retours américains, mais on ne va pas s’y tromper : c’est malheureusement à catégoriser dans la liste des Soderbergh mineur et qui ne se vendent que sur la forme mais pas sur le fond ou le rendu définitif qui est au final assez vain. Et dont le souci est le même que pour Contagion ou Effets secondaires, à la seule différence que Logan Lucky a plus d’âme que ses aînés.
Mais ça m’empêchera pas de dire surnommer ce Logan Lucky en Ocean’s Fourteen, vu que le concept a des similarités semblable au premier (pas encore vu les deux autres). La différence joue sur le caractère et la condition de vie de ses principaux personnages, le lieu du casse et son déroulée mais dans le fond c’est très semblable. Et même si le film s’en moque en y faisant allusion dans la deuxième moitié, on sent très vite que Logan Lucky n’est qu’une excuse pour Soderbergh de se remettre sur les rails (il assume d’ailleurs dans une interview le fait que ça soit un frère à Ocean’s Eleven) mais sans pour autant tenter grand-chose.
D’ailleurs, les idées et le culot ce sont justement ce qui fait défaut à cette comédie de casse. Il y avait matière à faire un parallèle entre la condition de vie simple et modeste des frères Logan avec une société peu distrayante pour chacun d’eux, surtout au vu de leur introduction (l’un se fait virer de son boulot juste pour un handicap, l’autre a perdu un bras en Irak et se retrouve à endosser le rôle du barman sans lendemain ou ambition). Et en prime, le casting remplit bien sa part du contrat, Adam Driver ayant déjà fait ses preuves en dehors de la post-logie naissante de la licence Star Wars et continuant de diversifier ses rôles, de même pour Channing Tatum ainsi que Daniel Craig en dehors de son rôle ultra populaire de l’agent 007.
Mais c’est dans sa construction et son déroulé que Logan Lucky a du mal à dépasser son postulat de départ et ses promesses. Sans compter que le manque d’audace s’inscrit aussi dans la mise en scène de Soderbergh : les mouvements de caméra sont propre et l’ensemble est correctement cadré mais ça reste très terre à terre, voire trop. C’est peut être un choix qui peut s’expliquer vis-à-vis du train de vie des frères Logan qui se révèle au final plus limité et banalisé, mais du coup je trouve que ça devient vite linéaire et que Soderbergh aurait gagné à se laisser aller à quelques occasions, Logan Lucky en devient trop sage alors qu’il pouvait se permettre de péter un grand coup à certains occasions.
A son crédit, il y a par moment un passage ou des échanges qui fonctionnent bien et se rapprochent un peu de ce qu’on aurait pu espérer de Logan Lucky. Surtout dans sa deuxième heure lorsque démarre pleinement le plan de casse lors de la course du NASCAR Coca-Cola 600. Et l’exemple le plus parlant et la scène
ou Joe Bang et les frères Logan tentent de faire péter un tuyau de transport d’argent avec des bonbons en nounours et un peu de sel, le tout dans un sac plastique : là les réactions de nos 3 compères sont marrantes car aussi appropriés qu’exagérés pour un simple sac plastique, surtout qu’ils ne sont en rien expert en braquage.
Voilà ce que j’aurais aimé voir davantage durant Logan Lucky (et j’aurais aussi aimé qu’on ne donne pas juste 5 minutes d’apparition à Katherine Waterston juste le temps de vacciner Channing Tatum et lui mettre un pansement My Little Pony : les amis c’est magique avec Rainbow Dash et Fluttershy dessus).
Au final, je considère qu’on se retrouve avec un demi-frère sympathique mais trop propret et retenue d’Ocean’s Eleven, bien joué et parfois drôle mais jamais suffisamment relâché en plus de ne jamais péter un grand coup alors qu’il y a tout pour. Logan Lucky trouvera probablement son public, mais personnellement je préfère me refaire un Sexe, vidéo et mensonge, un Kafka ou un Erin Brockovitch.
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Créée
le 26 oct. 2017
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