Loin de sentir la terre brûlée
Guillermo Arriaga est peut-être un nom qui ne vous évoque rien. Il est pourtant le scénariste attitré du cinéaste mexicain Alejandro González Inárritu à l'origine du script de 21 Grammes ou encore de Babel. La particularité de sa plume ? Conjuguer récits passés et présents avec un éclatement chronologique de la narration. Croisant les destins de personnages par le biais de la rencontre ou d'une mise en parallèle, Arriaga a un donc certain pour toucher l'essence profonde de l'être humain dans tout ce qu'il a de plus complexe et d'émouvant.
Si l'on commence à déplorer le manque d'originalité à force de répéter le même procédé au niveau de la conduite du récit, il est des histoires qui siéent à merveille à cette construction narrative, à savoir celles où le passé rattrape le présent. Ce qui est le cas dans Loin de la terre brûlée, script qu'Arriaga a laissé mûrir une quinzaine d'années avant de nous le conter. Il passe ainsi pour la première fois derrière la caméra, poussé par ses producteurs, afin de mettre en scène un récit choral particulièrement fascinant. Un tissage de trois destins à deux époques différentes, trois portraits de femmes qui ont plus en commun que ce que les apparences peuvent laisser entendre.
Aidé par une mise en scène élégante et soignée, le film doit beaucoup à sa photographie léchée et à ses actrices bouleversantes de pudeur, de douleur, et d'ambiguïté. Que cela soit à travers la performance de Kim Basinger, de Charlize Theron, ou de Jennifer Lawrence, révélation de ce long métrage, la beauté et la dimension immensément tragique des personnages ensorcèlent au point d'en faire oublier les quelques problèmes de rythme et de ficelles s'épaississant par moments. S'enchevêtrer dans ce puzzle pyschologique est un fardeau que l'on se plait à porter sur nos délicates épaules tant l'on est absorbé par l''histoire, violente, envoûtante, pénétrante. Une véritable réussite.