Décevant et surprenant à la fois !

Tout le monde en parle depuis sa diffusion au Festival de Toronto. Looper est vu par la plupart comme le nouveau hit de la science-fiction. Je me rappelle le jour où je suis tombé sur une page du site Première, résumant le fait que sur 27 critiques ayant vu le film en avant-première, 27 étaient positives ! Un constat des plus emballants, proposant une tête d’affiche déjà culte : Bruce Willis qui enchaîne les films d’action, face à Joseph Gordon-Levitt, star montante depuis sa prestance dans Inception. Un film qui était donc attendu au tournant ! Le résultat est-il à la hauteur ? (ATTENTION, SPOILERS !!)

Dans un futur proche, la Mafia utilise le voyage dans le temps pour faire disparaître ses cibles. Les victimes sont donc envoyées dans le passé où des Loopers (des tueurs mandatés) les attendent pour les tuer. Joe est l’un d’entre eux. Le meilleur, même ! Et pourtant, sa vie va basculer le jour où la personne venant du futur qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même ! A partir de là, on pouvait s’attendre à un enchaînement de séquences explosives et autres fusillades. Et bien non ! Sur ce point, on est grandement déçu car le film ne bouge pas, malgré la présence de Bruce Willis au casting (lui seul justifie en général le statut « action » d’un long-métrage). Les scènes où ça bougent véritablement sont bien trop courtes et n’ont aucun intérêt. Si décevant que ça au final ? Heureusement non, car Looper n’est, finalement, pas un film d’action mais une véritable œuvre de science-fiction, mettant en avant des personnages superbement travaillés, dans un univers réaliste et donnant un nouveau visage au voyage dans le temps. Lui offrant même des angles inédits (très loin de ce que l’on pouvait voir dans La Machine à explorer le Temps, Retour vers le Futur et autres, sur les souvenirs, revoir les mêmes scènes…) et éloignant le film loin, très loin des clichés du genre ! A savoir que Bruce Willis, bien qu’étant le héros plus âgé, agit plutôt comme le méchant de l’histoire ; le héros qui cherche à sauver sa peau plutôt que son avenir… Bref, Looper renouvelle le genre, c’est indiscutable ! Nous donnant enfin l’occasion de voir un film de science-fiction véritablement travaillé, avec des personnages creusés à la perfection et des situations qui tiennent entièrement la route ! Mais il faut bien admettre que, par moment, le récit nous laisse quelques temps sur le banc de touche, perdant le spectateur par des sauts dans le temps inattendus, sa lenteur scénaristique et l’ajout de la télékinésie (« pouvoir » important dans l’histoire, raison pour laquelle Willis ait remonté le temps).

Et puis, Looper peut également compter sur son casting, tout simplement prestigieux ! Joseph Gordon-Levitt m’avais déçu d’avoir participé à Premium Rush, film qui fait tâche parmi les dernières années de sa carrière (regroupant Inception et The Dark Knight Rises). Là, il remonte d’emblée dans mon estime, en se surpassant comme il a toujours fait. Bruce Willis, lui, surprenant ! D’une part car il est bien loin des films d’action commerciaux dont il est encore friands. Mais également que son jeu d’acteur dépasse largement la majorité de ses prestations, nous prouvant ainsi qu’il peut tout aussi bien jouer que dans Sixième Sens et Incassable. Rarement l’acteur m’avait autant ému lorsque son personnage raconte son histoire d’amour, ou bien ses réactions au fait de devoir tuer des enfants qui n’ont sans doute rien à voir avec sa « mission ». Willis fait marcher son regard à merveille, laissant de côté sa tête de blasé digne d’un mauvais McClane (attention, je parle pas des Die Hard, mais des films approchant). Et puis, il y a Emily Blunt, étonnante en « fermière », dégageant ses émotions ans pudeur et avec un réel talent.

Après, il y a également tout ce qui touche le côté technique du film. Les décors, réalistes. Les accessoires, « sympathiques » (surtout les armes). Et surtout les effets numériques ! Car en regardant le budget du film, vous remarquerez que celui-ci n’est pas aussi élevé que la plupart des blockbusters (seulement 60 millions de dollars). Pourtant, le film nous offres des détails numériques splendides, aussi proches de ce qu’on pouvait voir dans le récent Total Recall (qui, lui, avait coûté 200 millions de dollars).

Donc, pour tous ceux qui voulaient voir un film de science-fiction qui bouge avec un Bruce Willis égal à lui-même seront déçus, et pas qu’un peu ! Au lieu de ça, j’espère qu’ils verront le film que Looper est, à savoir un nouveau chef-d’œuvre de science-fiction, qui préfère utiliser l’intelligence et l’originalité de son scénario (en plus de personnages travaillés comme rarement) plutôt qu’une plastique irréprochable (même si Minority Report est un excellent film, il faut reconnaître que l’on retient surtout son ambiance et ses jeux de lumière). Un film à ne pas louper cette année !