Je poursuis l'exploration du cinéma de Jonas Trueba et je vais de merveille en merveille. Celui-ci (2015) est un film plus modeste, déjà par sa durée (1h10) mais tout aussi magnifique. On y suit 3 exilés romantiques, de jeunes hommes qui partent de Madrid en van pour rejoindre la France, car chacun d'entre eux vous retrouver une femme qu'il aime, qu'il a aimé, qu'il souhaite aimer. D'abord à Toulouse, pour l'un d'eux, puis à Paris, pour les deux autres, et le film s'achevera dans une parenthèse enchantée au bord du Lac d'Annecy. C'est une merveille de délicatesse, de non-dit, mais de dit surtout, car les personnages de Trueba disent beaucoup, c'est une des particularités de son cinéma, malgré les longues plages de silence c'est un cinéma où les personnages se disent les choses, c'est un cinéma littéraire dans le bon sens du terme où la littérarité n'étouffe jamais le cinéma. Encore une fois l'épistolaire est au centre du film (il y a encore une scène de lecture de lettre formidable) et encore une fois la musique est aussi au centre du film (scènes de concerts, musique très présente, et une séquence chantée dans le van bouleversante). Cinéaste majeur, à n'en point douter, et qui n'en est qu'au début de sa carrière, ce qui est surexcitant.