Lost Face est l'adaptation de la nouvelle éponyme de Jack London, à l'origine publiée dans le recueil La Face Perdue de 1910. Ce court-métrage canado-australien réalisé par Sean Meehan met en scène un trappeur Polonais nommé Subienkow, le dernier de son groupe à être encore vivant, qui devra trouver une ruse pour ne pas mourir torturé de longues heures par une cruelle tribu autochtone des terres arctiques de l'Alaska. Il est le dernier et doit trouver un stratagème pour berner Makamuk, le puissant chef de la tribu. Il lui promet alors de lui apprendre sa « médecine » dont lui seul a le secret, qui serait capable de résister à un coup de hache de l'homme le plus fort de ses guerriers. En échange de quoi, Makamuk doit lui laisser la vie sauve, lui confier des guerriers pour l'escorter et lui donner sa fille comme épouse. Cependant pour prouver ce qu'il dit, il accepte de subir le test ensuite, par la propre main du chef. Makamuk accepte à ses risques et périls, même à celui de perdre la face…
Cette ruse imaginée par Jack London est parfaitement retranscrite par une superbe interprétation de Martin Dubreuil dans le rôle de Subienkow qui parvient à garder un sérieux déconcertant, même quand il s'agit de chanter la Marseillaise au dessus d'une marmite pour feindre une incantation. Ce personnage nous fait parvenir à travers son jeu, non pas un humour noir mais un humour sombre, du genre qui nous fait nous questionner sur la légitimité de nos rires. Avec une ambiance aussi glaçante, à l'image filmée à la lumière naturelle des forêts de sapins du grand Nord américain, sous les regards cruels des autochtones, on pourrait dans un premier temps se demander ce que ce court-métrage peut avoir de drôle. Et pourtant, il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle à morale très ironique, ce qui est transmis presque à l'identique par le film.
Lost Face bénéficie des qualités d'un long-métrage dans son casting, ses costumes, ses effets spéciaux, sa musique, rien ne fait tâche ce qui maintient une immersion totale durant les quatorze minutes du film qui tournent uniquement autour d'une petite clairière enneigée.
Sa photographie marquante très ressemblante de celle de The Revenant de Alejandro G. Iñárritu sorti un an plus tôt, attire immédiatement le regard sur les moindres détails du décors, la neige jouant un rôle très important dans le travail de lumière, elle projette une lumière presque bleue qui renforce l'ambiance glacée du grand Nord.
Entre humour et ironie cruelle, Lost Face est une impressionnante adaptation très fidèle à la nouvelle originale.