Contemplation industrielle
Une famille au milieu de nulle part,
âmes des solutions modulaires,
à la recherche d'un local en dur.
Voilà comment pourrait se traduire ce film : dans son cadre.
Ce lieu tient un couple grâce à l'isolement mais l'envie d'évasion est naturelle, l'envie de remplir ce vide est plus forte - ce qui constitue en soi un microcosme bien singulier. Le trouble des grands espaces est traversé par l'électricité des lignes à haute tension. Rien n'est à taille humaine, plutôt propice à la contemplation, et paradoxalement aux relations à fleur de peau et au repli sur soi.
Tel est le complexe d'infériorité généré par les espaces et les objets plus grands que soi.
C'est un lieu pas fait pour les hommes, pas bien adapté. Et malgré tout, il s'y passe les choses comme ailleurs, peut-être deux fois plus vite qu'ailleurs ; le peu de densité de population fait que tout s'accélère et se concentre.
C'est l'histoire d'une rencontre qui se transforme en relation entre un ouvrier stakhanoviste et un famille un peu perdue.
L'étranger aspire à un peu de repos et de sédentarité ; la famille aspire à s'échapper de cet endroit sans mettre en péril le devenir et la cohésion familiale. Chacun veut un peu plus de doré.
Mais voilà !
Le profond intéressement que j'ai eu à l'égard de ce film soigné n'a pas réussi à être satisfait de ce qui transparaît dans ce décor. Ce film est d'une sensibilité non palpable qui devient gênante et parfois cette sensibilité remplit tous les critères du cahier des charges attribuées aux films d'auteur. Malheureusement très photographique, alors que beaucoup d'éléments ne trouvent pas de justification et d'humanité, tout ceci paraît hasardeux dans un décor fixe.
Ce décor amplifie les relations, on l'a vu, mais il crée un décalage avec tout ce qui s'y passe et je suis assez déçu en fait. Cela paraît être un film mannequin au final, sans sincérité... Dans un monde qui a pourtant besoin de justesse, d'économie et de poésie...
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