Aishiteruze Lou !
Masaaki Yuasa, soit on l’aime à la folie, soit on le déteste outre mesure. Il ne semble pas y avoir de juste milieu. Le film ne laisse pas indifférent et est loin de recueillir un avis consensuel...
Par
le 25 juin 2017
15 j'aime
4
S’il y a bien un film d’animation cette année que je voulais aller voir, c’était bien lui. Le fameux cristal du long métrage, au festival du film d’animation d’Annecy, une des plus haute distinction dans ce milieu. J’ai quelque peu trainé à bouger mon fessier en direction d’une salle obscure, avec comme motif une vie IRL bien trop remplie. Mais au final, cela aura eu le mérite de me faire bénéficier d’une projection rien que pour moi ! Seul spectateur à ma séance, dans ce petit cinéma indépendant qu’est l’Opera (je vous invite à vous y rendre, ne serait-ce que pour sauvegarder ce patrimoine loin des canons des grands groupes de projectionnistes !) avec la liberté totale de rire à gorge déployé s’il le fallait. Et heureusement, car je vous spoil dès maintenant : je me suis marré, et pas qu’un peu.
Lou et l’île aux sirènes, ou Lu Over the Wall en anglais, ou encore Yoake Tsugeru Lu no Uta en version originale, est un film d’animation de Masaaki Yuasa, et produit par le studio Science Saru. Dès ses premières seconde, l’œuvre pose ses bases en disant très clairement que l’on va parler de musique. Et de très bonnes musiques. Le véritable générique se laisse attendre, mais l’histoire débute malgré tout, avec des relents d’électroniques et de rythmes puissamment marqués. On y découvre Kai, étudiant solitaire et perdu dans ses pensées qui se contente de tuer le temps en composant de petites impros musicales. Deux de ses camarades de lycées, Yûho et Kunio, décident de monter un groupe, et de faire quelques répétitions sur une île perdue et interdite, excentrée loin derrière une gigantesque montagne… C’est là que, avec un sens du rythme toujours aussi endiablé le protagoniste et le spectateur feront la découverte de Lou, une sirène qui adore les accords musicaux du héros. Le générique se lance, et l’on prend conscience que le film vient tout juste de débuter. Let’s dance !
Lou et l’île aux sirène est un film surprenant à plus d’un niveau. Il est certain que beaucoup seront déstabilisés par son esthétique plus que coloré, son animation plus que rapide, et ses mouvements parfois assez surprenants… Les personnages passent souvent en mode chewing-gum, pour donner une allure cartoonesque ultra poussée et totalement assumée. Mais derrière ces partis pris osés, il suffit que l’on entre dans le rythme pour sauter le pas, et adhérer totalement au délire.
Véritable bouffée de fraîcheur et de bonheur, petit instant extrêmement drôle et plaisant, boule de bonheur et de gaieté qui ne néglige pourtant jamais de travailler sa morale, ce film est un pur moment de joie, aussi lumineux que ce soleil dont craignent tant les sirènes présentées. Son histoire n’hésite jamais à pousser très loin les élucubrations aussi dingues que géniales, quitte à montrer des arrêtes de poissons marcher sur ce qui leur reste de nageoires arrière, et un chenil complet transformé en chiens-sirènes. Mais loin de déranger, tout cela reste en parfait accord avec ce qui nous ai montré, et surtout avec la manière dont tout cela est présenté. Le réalisateur met un point d’honneur à ne jamais lésiner sur les éléments nous incitant à croire aux hallucinations qui nous sont montré, par son esthétisme visuel, par son propos, par ses personnages ou par sa musique, tout est fait pour nous mettre en confiance, et ne jamais nous rebuter, malgré l’étrangeté de l’œuvre visionnée…
Les personnages évoluent au rythme de scènes décalées mais toujours plaisantes, avec parfois une animation rappelant foutrement l’époque de gloire de Tex Avery (mention supérieure à la scène de dance sur la plage, accompagné d’un rythme de fou, qui ferait même bouger le spectateur le plus obtus). Parfois un peu plus sérieux, le schmilblick retombe toujours sur ses pattes pour nous offrir notre tranche de rire attendu, bien que cet aspect-là se fasse légèrement moins présent sur la fin, qui, sans être totalement sérieuse, perd un peu de son décalage… Il manque finalement bien peu de chose à ce film pour être parfait, peut-être une fin légèrement différemment développée et moins stéréotypée, ainsi que des protagonistes un tantinets moins manichéens et servant plus à quelque chose (en définitive, Kai disparait de l’intrigue principale pendant un long moment, si on y réfléchit bien…). Ce ne sont bien sur là que de minuscules détails, qui ne gâchent en rien le plaisir monstrueux de ce genre de spectacle visuellement impeccables et profondément touchant dans ce qu’ils racontent !
Très belle œuvre, joliment tournée, très loin de certains canons du genre, et pourtant toujours dans la veine des plus grands ! Impossible de ne pas penser à Ponyo par moment, bien que ce ne soit même pas l’œuvre de Hayao Miyazaki qui soit la plus flagrante lorsqu’on y regarde de plus près (ne me dites pas que vous n’avez pas du tout pensé à Totoro en voyant le père de Lou pour la première fois ?!). Remplis à ras-bord de bonnes idées et de petites trouvailles visuelle et auditives, ce film est de ceux qui foutent une patate d’enfer, capable de redonner le sourire aux plus blasés, si tant est que l’on accroche aux premières minutes dépeignant un tableau tout en couleurs.
Définitivement un excellent remède contre la morosité, aussi lumineux que le dernier film vu dans ce même cinéma était sombre…
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Moi, mon fessier, et un strapontin - Saison 4, Les meilleurs films de 2017 et L'animation à voir en 2017
Créée
le 25 sept. 2017
Critique lue 420 fois
1 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Lou et l'Île aux sirènes
Masaaki Yuasa, soit on l’aime à la folie, soit on le déteste outre mesure. Il ne semble pas y avoir de juste milieu. Le film ne laisse pas indifférent et est loin de recueillir un avis consensuel...
Par
le 25 juin 2017
15 j'aime
4
Quand on lui demande ce qui l’a amené à réaliser Lou et l’île aux sirènes, Masaaki Yuasa répond qu’il l’a fait en réaction aux commentaires de spectateurs ayant aimé ses œuvres mais se justifiant...
le 15 août 2017
5 j'aime
Un film surprenant ! Complètement hallucinant ! Le film commence avec une vitesse folle sans jamais s’arrêter , le générique de début dure 30 secondes et encore je suis gentil ! Mais,...
le 28 août 2017
4 j'aime
Du même critique
La nature de ma relation avec l’œuvre originale de Ridley Scott m’aura poussé à voir ce Blade Runner 2049 avec un œil avide de poésie et de beauté, chose que je n’approuve pas toujours pour la simple...
le 5 oct. 2017
9 j'aime
J'viens de me rendre compte que j'ai dépassé le chiffre de trente films vu au cinoche en six mois, et j'crois qu'on peut parler de nouveau record ! :D D'autant plus que j'suis pas prêt de m'arrêter,...
le 17 juin 2017
8 j'aime
De Ben Affleck le réalisateur, je n'aurais vu que "Argo", avant ce film. Un film que j'avais beaucoup aimé, mais que je n'ai pourtant vu qu'une seule fois... Il faudrait peut-être que je le revois,...
le 18 janv. 2017
8 j'aime
3