Je n'avais, avant de m'intéresser à ce film, jamais entendu parler de Yuasa, son réalisateur.
Apparemment peu enclin à s'adapter aux attentes du grand public, le monsieur a la réputation de laisser libre cours à son extravagance et à la provocation à travers ses longs et courts métrages ("Mind Games" est sur ma liste de film d'animation à voir !).
Avec "Lou et l'île au sirènes", il entend créer une fable plus classique et innocente, qui brasserait tout un tas de thématiques sociales, sociétales, et surtout intimes.
Le résultat et en demi-teinte.


D'un côté, l'histoire fait un peu vue et revue. Le protagoniste principal est un collégien morose qui ne s’accommode pas de sa petite vie tranquille et ennuyeuse dans son village de bord de mer et qui aspire au fond de lui à vivre de sa musique. Son "décalage" vis-à-vis de ses amis, de ses parents, et des autres habitants du village va lui valoir de vivre des aventures extraordinaires, qui lui permettront de mûrir, de se réaliser tout en faisant la paix avec son environnement social.
Les personnages secondaires, bien qu'attachants, sont également un peu cliché. Cependant, leur traitement et leur évolution à travers le long-métrage sont plutôt convaincantes.
En fait, c'est ça le problème majeur de "Lou et l'île aux sirènes" : le caractère attendu des situations, des confrontations entre les protagonistes, et des péripéties.


Ceci étant dit, force est de constater que la patte visuelle de Yuasa, déconcertante de prime abord, est d'une originalité saisissante dans le milieu de l'animation japonaise.
Il n'hésite pas à simplifier les traits des personnages pour mettre en avant la fluidité de l'action, à déformer les corps et les paysages pour accentuer les impressions de vitesse ou plonger le spectateur dans la confusion. Jamais un manga n'aura semblé si "cartoonesque". Yuasa nous gratifie de réelles scènes à la "Tex Avery" (les villageois qui dansent en rythme, notamment), totalement inattendues.
Ainsi, la fable innocente prend parfois des allures de délire sous LSD, presque glauques, mais assez jouissifs. Les scènes mettant en scène le "papa" de la sirène, Lou, sont tellement déjantées que l'on se demande parfois si on regarde toujours le même film à la trame principale si classique.


Alors c'est vrai que l'imagerie du film fait très "Miyazakesque", notamment la sirène qui donne son nom au film, assez similaire à Ponyo ("Ponyo sur la falaise"), et que les thématiques développées ont déjà été largement rabattue dans l'animation japonaise (et dans le cinéma en général).
Le désir de s'affranchir de son milieu, le conflit entre générations, les superstitions, l'appât du gain, l'Homme à la fois craintif et fasciné face à l'inconnu...
Reste que la "patte" Yuasa rend le tout assez plaisant à suivre.
Par contre, le film pêche un peu dans sa longueur (1h50) et la fin est trop étirée (notamment les scènes de l'inondation du village).


"Lou et l'île aux sirènes" est une petite déception. Très original sur la forme, il ne surprend pas sur le fond. Reste un film d'animation musical très sympathique !

Créée

le 11 sept. 2017

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Mr_Step

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