Gaspar no way
If I were as pleased with myself as Gaspar seems to be, I would write my text entirely in english, even if I only talk to french people, …and I would put black cuts between each line, so everyone...
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le 23 juil. 2015
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Bon sang le stress que je me suis tapé hier, le film ne passant pas dans le cinéma de mon village où d'ailleurs je vois les films gratuitement car j'y suis bénévole, j'avais l'option la plus simple, attendre qu'il sorte légalement ou illégalement, et une autre option qui m'est venu en tête il y a quelques jours, voir quel cinéma le plus proche le diffuse.
Et bien sur, c'est celui de Cannes, ce n'est pas loin de chez moi, une cinquantaine de minutes si ça roule bien, le problème, c'est que ça n'a pas bien roulé du tout, m'a pauvre mère qui conduisait (je vous rassure, elle n'est pas venue voir le film avec moi), se coltiner les bouchons infernaux sur l’autoroute. Nous sommes partis à 2h et quelques pour une séance à 15h35, dans les bouchons je regardais l'heure qui défiler, le cœur battant de plus en plus vite car je ne voulais surtout pas le rater, surtout sachant que la séance d'après était à 19h30. Une fois dans Cannes, on descend le grand boulevard, et malgré les feux verts, impossible d'avancer, ça défile, 15h25, on est pas encore tout près donc inutile d'y aller à pied, on arrive enfin dans la ruelle, je saute de la caisse et je fonce à pied, de plus je ne connaissais ce cinéma et l'endroit où il était qu'à travers google earth.
J'arrive à l'accueil à 15h30, j'y croyais plus, je prend un ticket, je vais vite fait pisser un coup et je rejoins la salle remplie de seulement 4/5 personnes, je m'assois, et quelques secondes seulement après la lumière s’éteint et le film démarre, sans aucune pub avant en plus, à partir de là mon cœur se calme, et le sang redescendent lentement vers ma bi... gre, mais je raconte ma vie !
Après le moralisateur ou plutôt démoralisateur Seul contre tous, le tourbillon vengeur Irréversible et le trip psychédélique Enter the Void, tonton Noé nous revient (enfin) avec ce qui est clairement son projet le plus intime. Pourquoi ? Tout simplement car c'est un film qu'il tente de mettre sur pieds depuis une vingtaine d'années, d'ailleurs sans lui Irréversible n'aurait jamais vu le jour. Car à l'époque Gaspar avait proposé à Cassel et Bellucci de jouer dans ce film, appelé "Danger" et pas encore Love, le couple n'ayant pas voulu participer à des scènes de sexe explicite avait refusé. C'est ainsi que Noé changea son scénar pour sortir Irréversible, qui est pour moi son meilleur film, donc je remercie les deux acteurs.
D'une autre par, Noé blinde son film de petites références et s'offre même un rôle plus important qu'un simple mec au deuxième plan, d'ailleurs je savais avant de voir le film qu'il y était présent accompagné d'une perruque, j'attendais son moment avec impatiente du coup, et c'est tellement drôle et ridicule sur le coup, énorme !
Ainsi donc le gosse dans le film se nomme Gaspar, Noé s’appelle simplement Noé, on retrouve également une VHS de Seul contre Tous, l'hotel "LOVE HOTEL" d'Enter the Void en maquette, ainsi que des tas d'affiches de vieux films qu'il adore. On retrouve également beaucoup du monsieur dans le rôle masculin, Murphy est fan de 2001 de Kubrick entre autres, on sait que c'est le film favoris de Gaspar, et j'en passe...
On attendait les réactions dépitées et repoussantes des gens à la sortie de la projection du film à Cannes, on attendait le PORNO de Noé, et bien non, au final c'est comme il le dit lui même, une histoire d'amour avec du cul, quelle histoire d'amour entre n'importe qui n'a pas en son centre le sexe ?
Donc strictement rien de choquant au sein de cette très belle et tourmentée histoire d'amour, on ne sait pas quelles scènes de sexe sont fausses ou non, à l'inverse du Nymphomaniac de LVT où on savait que tout était doublé. Là on ne sait pas, Noé a laissé le suspense là dessus et considère que du moment qu'on ne remarque rien, c'est que c'est bien fait donc ça ne sert à rien de dévoiler ce qui est vrai ou non.
Noé nous plonge à travers des flashback au cœur d'un couple qu'on sait fini, brisé, anéanti, dès le début du film, il nous fait suivre le jeune Murphy, américain venu vivre à Paris pour ses études de cinéma. Il est tombé follement amoureux de la belle Electra, ils ne pouvaient plus se passer l'un de l'autre, ce serait l'amour d'une vie, mais un jour, en voulant réaliser les fantasmes de sa belle, à savoir, un plan à trois particulièrement bandant, tout va basculer.
Il ne sert à rien d'en dire plus, autant vivre l’expérience de cet amour raté, tout le long on se répétera qu'une simple chose peut tout détruire, voir même la grande phrase de monsieur Noé "Le temps détruit tout". Ce qui m'a poussé à aller le voir au cinéma, c'est surtout que je voulais pas attendre, mais aussi pour la 3D, habitué aux 3D pourraves des Marvel et compagnies, je voulais voir cette innovation de Noé, qui cette fois ne joue plus avec sa caméra et la laisse tranquille pour offrir des plans fixes et fluides. Car pour lui, de trop gros mouvements de caméra ruine la 3D, ça apporte quelque chose au film en tout cas, la 3D offre une pénétration (bon ok, mauvais jeu de mots), je ne sais pas si c'est indispensable mais cela offre une expérience inédite et intéressante. Certains plans, notamment en boite de nuit (évidement, dans tous ses films y'en a) ça rend vraiment bien, ou même quand le couple se filme avec un caméscope 3D, la profondeur est doublée, ça m'a fait bizarre sur le coup mais on si habitue, c'est vraiment du beau boulot.
D'ailleurs la réalisation est évidement superbe, Noé nous plombe encore de ses cuts en fond noir sur la plupart des scènes, moi j'aime bien ce style, les plans sont superbes et très esthétiques, et la bande son est envoûtantes, de très beaux morceaux. La photo de Benoit Debie, fétiche du Noé, est une fois encore bluffante, le casting principal porté par trois inconnus est impeccable, Karl Glusman, Aomi Muyock et l'un peu plus effacée Klara Kristin forment des personnages crédibles, sincères et vrais. On ne peut avoir de préjugés sur eux puisqu'on ne les avait jamais vu, et on peut dire que Noé à l’œil pour repérer de bons acteurs. Quant à Gaspar, ainsi que son producteur Vincent Maraval, ils se font plaisir à travers leur caméo.
En bref, Noé propose ici son plus beau film, son plus intime, son plus bandant, car même s'il ne considère pas qu'il le soit, faut tout de même avouer, la dure lutte n'est jamais loin. Le porno sensé être choquant et crade se révèle poétique, plein d'espoirs et de désillusions, un simple film sur le couple, l'amour et le sexe, avec une pointe d'humour et une ambiance unique.
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le 16 juil. 2015
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