Gaspar no way
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le 23 juil. 2015
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Love ou l'ovni qu'on n'évoquera plus jamais tant son caractère "no-limit" a fait rougir de honte les salles obscures de l'hexagone.
Incomparable. Inégalable. Indispensable. Love, c'est le genre de film qui divise, tant son absence de demi-mesure creuse le fossé entre pour et contre. Noir ou blanc. 0 ou 10.
Très courte hésitation. Mais, d'elle même, la note ultime s'est imposée.
Love, c'est une histoire d'amour qui s'en fout de la morale qu'on nous impose. C'est de la pure cam sans additifs, ni trop dosée ni superflue. Love c'est un film intense par son montage à la Irréversible, une gifle visuelle et sensorielle consciemment inspirée de Enter The Void, une grande peinture vaporeuse, évoquant l'homme, sa chair et son âme. Après un Enter The Void qui nous murmurait à l'oreille la noirceur chaleureuse de la mort, Noé s'attaque cette fois-ci, et dans une logique limpide et sans surprises, au point de départ de toute histoire humaine.
En regardant Love, impossible de ne pas être choqué, tant la scène d'introduction ne fait pas dans la dentelle. Noé voulait nous faire un film d'amour : il nous a servi de l'amour. Malgré tout, les 120 minutes de film alternent avec équilibre, scènes de sexe et séquences, oserais-je dire, plus quotidiennes. Le fait d'être choqué par les scènes de cul du film n'est pas une surprise, mais met plutôt en question notre rapport au sexe. Dans le contexte paradoxal de nos sociétés ayant démocratisé l'industrie du porn et de la séduction, tout en ayant plus que jamais cloisonné la notion d'Amour, Gaspar Noé cherche à nous rappeler avec un regard presque naïf, que l'amour aussi pur que torturé, aussi doux que brutal, aussi simple que complexe, ne se résume pas aux comédies romantiques mielleuses de TMC, mais s'apparente à une mystérieuse mixture de mots, de culs, de regards et d'émotions.
De fait, le réalisateur est un peu timbré. Le degré absolu d'abstraction qu'a Gaspar Noé, vis-à-vis des codes picturaux que la société nous a implanté est tel, que comparé à des films proposant le même genre de contenu dit "cru", Love pourrait être injustement associé à la catégorie vulgaire du porn. D'où la censure et le bad buzz gravitant autour du film.
Et c'est malheureusement complètement l'inverse. Résumer Love à un film résolument trash et provoc est pour moi, la preuve ultime que l'homme est complètement embourbé dans un univers culturel saturé par les clichés et la catégorisation. Love a un message à passer, et a pour cela, besoin de rappeler la réalité en réponse à l'illusion de laquelle nous sommes bercés. Love est un film d'amour réaliste, avec des personnages réalistes, des dialogues, des conflits réalistes, et finalement, oui, du sexe réaliste. Mesdames messieurs les choqués, bienvenue dans la réalité !
Le porn a envahi nos smartphones et tablettes. Nos ados passent leur vie dessus. Et la génération suivante ? Love, de Gaspar Noé, poète cru et naïvement réaliste, est et sera l'un de ces ovnis dont on se souviendra malheureusement pour sa forme qui nous aura marqué, et non pour son message porteur de vérité.
10/10, sans aucune hésitations.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes unpeudeculture et unpeudesubjectivité : top 10 perso
Créée
le 10 mars 2016
Critique lue 431 fois
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