Avec des affiches racoleuses, une bande annonce laissant paraître une omniprésence de sexe et une séance de minuit ayant fait pas mal parlé d'elle, on aurait tendance à ranger Love facilement dans une catégorie de films pour pervers, oubliable et inintéressant, rangeant Noé dans une case de réalisateur trash et subversif sans aucun réel but, mais ce serait trop vite juger et négliger une partie du film.


Murphy est un étudiant américain vivant à Paris afin de finir ses études de cinéma et nous sommes le premier janvier. Il se réveille avec un message vocal. La mère d'Electra lui demande si il a des nouvelles de sa fille, le pire ayant pu lui arriver. Et c'est le début d'une journée entière a se remémorer la relation la plus marquante de sa vie, ses hauts et ses bas, les problèmes, les engueulades, les expériences, l'Amour.


D'une expérience visuelle, psychédélique et violente qu'était Enter The Void en 2009, Noé passe ici à un film intimiste, lent, sensuel et presque pictural tellement les cadres sont beaux, tellement les mouvements sont faibles et maîtrisés. Et c'est pourtant un problème sur certaines scènes, ce côté maîtrisé. Où est le côté de recherche dans une première expérience sexuelle à plusieurs, où est ce côté toujours imprévu, ce côté d'improvisation d'un couple, ne sachant ce que veut l'autre ? Alors oui, cette maîtrise du mouvement transforme certaines scènes en pur moments de poésie visuelle, parfois accompagné d'une musique douce, électrique, déchaînée, toujours en rapport avec le contexte de la scène.
Car oui, le sexe peut être gratuit dans un film, mais dans Love, le sexe est un outil de narration, un outil qui va vous permettre de vous retrouver dans l'histoire et dans les relations que les différents personnages ont entre eux, d'une relation passionnée à une relation passe-temps, en dérive, voire malfaisante, faisant peut être même écho à d'autres films de Noé. Malgré ça, ces scènes sexuelles liées à la narration, la présence très forte de ces scènes est parfois intrigante, surtout au niveau de la longueur. Pourquoi faire des scènes de sexe aussi longues ? Est-ce pour nous faire profiter de certains morceaux de musiques magnifiques ? Pour nous questionner sur notre rapport au voyeurisme ? Ou est-ce ce côté un peu provocateur propre à Noé ? Ces scènes en deviennent presque dérangeante et c'est ça le problème principal du film. Le rythme du récit est lent, certes ! Mais comment parler d'Amour avec un film au rythme rapide ?


Alors oui, Love est un film qui peut rebuter, oui, certains personnages (si ce n'est tous) sont horripilants à un moment ou a un autre, oui, Noé est très (trop ?) égocentrique dans ce film (au point de donner son nom à une galerie, au gosse de Murphy, de faire un petit caméo dans son film et de se glisser des auto-références partout), oui, le sexe est trop présent dans le film mais non, Love n'est pas un film oubliable et inutile, non le sexe n'est pas gratuit et oui, Noé est un réalisateur avec un but. Briser les codes, ici des films sur l'Amour.

Urkopia
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le 8 mars 2017

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Urkopia

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