Lover! Friendship! Compassion!

Sortie 4 ans après Philadelphia, et 2 ans après la pièce de Théâtre dont elle est tirée (du grand Terrence McNally). Love! Valour! Compassion! arrive avec un sujet brulant et terriblement d'actualité. Le Sida.

Sauf qu'au moment de sa sortie, des traitements étaient déjà employés un peu partout. Alors que durant la pièce, l'épidémie était toujours présente. Donc le film peut sembler être en retard sur le déroulement de la maladie.

Mais là où le film arrive à être si juste (et être toujours aussi fort), c'est le traitement de ces personnages, et de la "mort" en général. Le film a l'intelligence de ne pas que se focaliser sur ce sujet lourd. Contrairement au film de Jonathan Demme, qui fait assez dater pour tout cela d'ailleurs. McNally raconte avant tout une histoire d'amitié, de corps pleine de vie, qui chacun a leur tour (et pour différentes raisons) ne durera qu'un temps.

Si le long métrage a bien des clichés (dès l'intro), sur les gays. Il ne s'appuie pas sur cela, et va très vite faire exister tous les personnages, qui pour certains vont à l'encontre du gay classique. Cependant on peut y voir une certaine classe américaine, non ouvrière. On y suit un avocat, un chorégraphe, un designer, etc. Donc on est vraiment dans une certaine tranche Gay assez privilégier (faut dire que McNally a en partie écrit la pièce sur lui).

Là où le film arrive à être aussi bouleversant (ET drôle) c'est dans la façon de construire/déconstruire le groupe d'amis. Que cela soit Perry (Stephen Spinella), Bobby (Justin Kirk), ou encore Arthur (John Benjamin Hickey, découvert y'a quelques années dans la superbe série Manhattan).

Mais l'un de mes coups de cœur, va pour la superbe prestation de John Glover (récompensé d'un Tony Awards pour la pièce) absolument fantastique dans ce rôle. Je ne veux rien dévoiler des personnages, mais je l'ai trouvé assez incroyable dans les différentes personnalités que peut lui offrir ce rôle. Découvert dans Gremlins 2, et par la suite dans la série Smallville (le plus gros atout du show).

Mais celui qui m'a conquis d'A a Z, c'est bien la prestation de Jason Alexander (Seinfeld) qui joue Buzz Hauser. Si son personnage est au début le plus "facile", l'homosexuel efféminé, flamboyant tel Serrault dans la cage (enfin, pas à ce point). C'est donc l'image du "gay" type que beaucoup se font (encore aujourd'hui...). Sauf qu'au cours des Week-end avec ses amis, c'est celui qui va se montrer le plus attachant, le plus attendrissant, alors qu'il a une personnalité assez électrique, qui peut vite fatiguer. Il traverse tout le long du métrage des émotions tellement variées, Alexander est vraiment le coeur du film.

La réalisation de Joe Mantello (The Boys in The Band) qui est aussi un formidable acteur, en passant. Renforce la qualité du scénario, en filmant avec justesse tout c'est personnage, de l'intimité aux choses les plus banales. Car c'est aussi là que le film fait office de "nouveauté". Montré la banalité de la vie homosexuelle. Des diners, des disputes, faire la vaisselle, etc.

Au-delà de la maladie, c'est surtout de vrais personnages, construit de façons intelligente et humaine. Comme jamais personne (ou trop peu) l'on fait avant ce film (ou la pièce).

La photo du film y est magnifique, on la doit à Alik Sakharov. Passé depuis derrière la caméra dans des séries Culte tell que : Les Sopranos, Rome, Game of Thrones, Boardwalk Empire, Black Sails ou encore Ozark.

Mon caprice (oui, ce n'est pas vraiment un reproche là) vient du fait que j'aurais adoré voir Nathan Lane reprendre son personnage de Buzz Hauser (McNally lui avait écrit le rôle) a la place d'Alexander. Aussi génial qu'il soit, Lane est mon acteur favori, et des extraits que j'ai vus de la pièce d'origine (où des échos de chanceux qui l'ont vue) il était phénoménal dans le rôle (peu surprenant ^^).

Donc, assez déçu qu'il n'ait pas repris son personnage qu'il tenait en 95's. Cela dit, il n'aurait certainement pas fait "Mousehunt" (sortie la même année) de Verbinski, l'un de mes favoris du réa et mon film culte. Du coup, c'est peut-être un mal pour un bien....