Les jeux sont faits
Une deuxième saison qui n'est pas à la hauteur de la première, une histoire qui a l'air de stagner et qui est bien moins prenante.Les personnages sont charismatiques mais toute fois il y en a trop...
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le 14 juin 2019
"L'affaire Gypsy Rose" a inspiré de nombreux réalisateurs à faire tourner les caméras, c'est le cas de Alex Kalymnios qui retrace les évènements de manière romantique dans Love you to Death. Romantique en effet, car bien que le film respecte sa part de "Love You", il est moins convaincant en ce qui concerne l'aspect "Death". Ce qui est plutôt problématique pour un film qui se base sur une affaire criminelle.
Esme (Emily Skeggs) est une jeune fille de 16 ans qui semble encore être attachée à l'univers rose, barbie, princesse et paillettes. Elle est atteinte de leucémie -et de multiples autres pathologies- c'est pourquoi sa mère Camile (Marcia Gay Harden) s’occupe de sa nourriture, de ses vêtements, et de son traitement. Il est clair qu'elle prend soin d'Esme comme d'une enfant, mais cela semble justifié par un apparent retard mental.
J’ai apprécié le fait que le film dresse le portrait d’une mère loin des clichés du control freak comme on aurait pu s'y attendre. Bien-sûr elle fait attention à sa fille, mais de manière modérée, rien n’est exagérée ou agressif. Elle a l’air d’une bonne mère, ouverte d’esprit. La complicité mère-fille transparaît dans quelques scènes touchantes où Esme fait face aux enfants de son âge.
Mais mon appréciation a vite tourné en déception...
Ce portrait de la mère juste se brise le jour où Camile perd de vue quelques instants sa fille lors d'une convention de science-fiction, la retrouvant en pleurs. Elle n’est pas blessée, elle n’est pas non plus traumatisée, et pourtant on voit Camile acheter un pistolet deux minutes après la scène de la convention. C'est un élément qui ne fait pas sens, aucune scène marquant l'angoisse ou la peur de Camile ne justifie en amont l'achat de ce pistolet, ni l'attitude paranoïaque et agressive qu'elle aura envers les médecins. Cette incohérence se poursuit plus tard, lorsqu'un inconnu tente de s'introduire dans la chambre d'Esme. Camile va jusqu'à tirer sur la voiture de l'homme en question, qui s'enfuit. Seule une scène de rêve vient illustrer l'angoisse de la mère à l'idée de perdre sa fille. Mais elle ne vient qu'après tous ces évènements alors qu'il aurait fallu qu'elle y soit bien avant !
Au bout de 30 minutes, un flashback vient diviser le film en deux parties. Voix-off d'Esme : "Il y a toujours deux versions à une histoire. Et voici la mienne". Je ne m'attendais pas à voir ce genre de procédé scénaristique, mais je me suis demandé quelle version de l'histoire était la première partie. Celle de la mère ? Dans tous les cas, cela comportait des lacunes.
Retour au début du film mais cette fois-ci du point de vue d’Esme. On découvre une toute autre face de sa mère : buveuse, hypocrite et manipulatrice. Elle semble utiliser sa fille pour attirer la pitié et recevoir des aides. Pire encore, on découvre qu’Esme n’a pas besoin de fauteuil roulant, et n’a pas de leucémie. Tous les symptômes sont dus à la maltraitance de sa mère, qui l’enferme dans de fausses maladies. Le souci c'est que tout cet aspect morbide est filmé de manière trop neutre pour qu’on y croit, pour qu’on s’y plonge. Certes Camile en vient à attacher sa fille sur sa chaise roulante avec du scotch, mais la caméra ne s’y attarde pas, c’est présenté de manière factuelle. A aucun moment je n’ai senti Esme comme quelqu’un de piégé, qui a peur pour sa liberté.
Esme finit par demander à son petit ami Scott (Brennan Keel Cook) de l'aider à s'enfuir. On se rend compte qu'ils se sont rencontrés à la convention -et on du se séparer, d'où les pleurs d'Esme- et que c'est lui qui s'est introduit dans sa chambre. Il finit par assassiner Camile dans une scène pas vraiment marquante, qui se contente de montrer Esme paniquant dans sa salle de bain jusqu'à ce qu'un bruit sourd mette fin à la lutte entre Scott et Camile. En s'enfuyant, Esme quitte son monde enfantin pour découvrir celui de l'adolescence, elle abandonne le froufrou pour la lingerie. Malheureusement c'est une dynamique qu'on peine un peu à percevoir. Les scènes de sexe et de baisers s'enchaînent ensuite, elles sont jolies mais ne laissent pas assez de place à la culpabilité et le manque que l'on aperçoit trop brièvement chez Esme. Les quelques plans qui suggèrent une sensation de liberté n'ont eu aucun effet à cause des absences citées dans le paragraphe précédent.
Le film s'achève sur l'arrestation d'Esme et Scott et leur incarcération. Esme apprend qu'elle n'a pas 16 ans mais bien 21 ans, ce qui veut dire qu'elle sera jugée comme une adulte. Cet élément est l'un des rares qui a réussi à me donner la sensation d'avoir été trompé. La dernière scène montre la progression de la relation entre Esme et son père, que je n'ai pas jugé nécessaire d'évoquer tant elle me paraît insignifiante.
En somme, Love You to Death est un film regardable, mais dont on retiendra seulement les passages illustrant l'amour. J'aurais préféré que les 30 premières minutes du film soient utilisées pour approfondir les points abordés, plutôt que de servir à un effet de désillusion qui ne marche pas vraiment. Selon moi Alex Kalymnios a deux possibilités : travailler ses scènes choc, ou se pencher vers les films romantiques, avec lesquels elle rencontrerait du succès.
Créée
le 9 mai 2022
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