Demon Spirit aussi appelé Lucifer ou Goodnight God Bless est le premier film de John Eyres qui entame ici une belle petite carrière de réalisateur de DTV tout moisis. La jaquette du DVD édité par Cactus films est un magnifique tissus de publicité mensongère qui nous vend le film comme un récit fantastique et horrifique à coup de phrases obscures du type : "Quelque part dans la nuit les démons s'éveillent - Le cauchemar vient de commencer ! - Il survit à la peur et à l'inconnu, choisit ses victimes et capture leurs âmes", rien que ça !! En réalité le film est un pauvre thriller neurasthénique à faire passer un épisode de Derrick pour du Fast and Furious passé en vitesse rapide.
L'histoire se déroule à Londres lorsque un mystérieux tueur vêtu d'une soutane abat froidement plusieurs enfants et une maîtresse dans la cour de récréation d'une école. Les deux meilleurs flics du coin (enfin les moins endormis) sont alors chargés de retrouver le tueur.
Bon pour commencer il faut préciser que l'édition DVD du film est d'une pauvreté qui n'a d'égal que celle du film lui. Copie dégueulasse semblant être issus d'un rip de vieille VHS trouvée au fond d'une poubelle, c'est bien simple c'est la première fois que j'ai recherché la touche Adsjust Your Tracking sur la télécommande de mon lecteur Blu-ray. Le film est proposé uniquement en VF avec des doubleurs aussi concernés que visiblement consternés par ce qu'ils jouent. Les mecs s'en foutent tellement royalement qu'ils doublent parfois les personnages quand ils ne bougent pas les lèvres. Et l'histoire dans tout ça me direz vous ? Et bien on suit deux flics tout mous qui tentent de retrouver un tueur en série tout en protégeant une gamine qui a survécu à la tuerie initiale et en draguant ouvertement sa mère. Mais attention c'est tout de même l'élite de la brigade, en même temps quand on voit que les autres flics se lancent des boulettes de papier, font des blagues d'adolescent bourrés à la bière sans alcool et se mettent des soutiens gorge sur la tête pour rigoler, on comprend que pour faire partie de l'élite il suffit sans doute de savoir écrire son nom et pisser droit. Les deux compères mènent donc une enquête des plus pépères, interrogeant mollement quelques hommes d'églises, buvant des bières et opérant une garde très rapprochée de la mère. Car le top de l'élite et de ce duo c'est tout de même le détective Joe Ivanovich (Frank Rozelaar Green), forcément un cran au dessus dans la mesure ou il débarque de New-York . C'est un grand benêt tout mou qui passera plus de temps à chercher avec abnégation l'affection et la petite culotte de la mère que l'assassin qui court les rues en soutane (enfin qui marche pour ne pas dénaturer le rythme global du film). Si on comprend assez vite qu'on s'est fait entuber niveau horreur , on doutera même d'être dans un thriller lorsque le film vire à la romance avec une sorte de clip ultra ringard nous montrant le flic, la mère et la gamine passant une journée au zoo sur fond de pop sirupeuse et de sourires niais. Il n-y a pas d'enquête, aucun suspens et tout semble aussi mou et artificielle qu'un grand bol de gelée.
Pourtant le film démarre sur une scène assez forte avec cette tuerie perpétrée dans une école par cet homme d'église caressant son chapelet tout en tirant sur des gosses qui tentent de s'enfuir. Et même si c'est un peu filmé avec le pied gauche en supposant que le réalisateur soit droitier, c'est objectivement le genre de séquence choc que l'on trouve rarement dans un film. Et puis il y-a cette fin totalement incompréhensible et tombée de nulle part comme si le film se souvenait in-extremis qu'il appartenait au genre horrifique en improvisant une séquence qui lorgne maladroitement sur L'Exorciste. Entre les deux extrémités c'est calme plat et on comble le vide avec une romance à la con et une pseudo enquête carencée en vitamines. Et même lorsque le tueur finira par coincer la mère de famille après laquelle il court depuis le début du film dans un suspens insoutenable, il semblera mettre une éternité à vouloir la tuer histoire que le grand tout mou d'inspecteur est le temps d'arriver tel un preux chevalier. Le tueur va même entreprendre de patiemment lui couper les cheveux avant que Ivanovich ne se pointe enfin pour mettre fin à la terrifiante mise en brushing.
Demon Spirit donne la sensation d'un film qui ne va nulle part et qui emprunte un long chemin de traverse pour y arriver. C'est mou, c'est mal joué, c'est à peine mis en scène à l'image de séquences nocturnes illisibles, c'est con, c'est chiant et c'est rarement suffisamment drôle pour que l'on y trouve un minimum de plaisir. 95% navet et 5% nanar c'est le genre de film qui demande du courage pour trouver les quelques moments qui feront sourire au milieu du marasme.