Le mal de l'espace
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le 24 mai 2020
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Lucy in the Sky est un film raté qui passe son temps à faire mumuse avec le cadre de ses plans dans l’espoir de traduire par la forme l’instabilité émotionnelle de son personnage principal. Or, à y bien réfléchir, trafiquer l’image de la sorte est incompatible avec la visée profonde du long métrage, soit nous donner à voir et à vivre la détresse d’une astronaute revenue de son expédition mais qui semble encore absente : son corps hante les espaces et flotte, son esprit est ailleurs. Assise sur le toit de sa maison, Lucy assiste, émerveillée, au crépuscule du matin : elle nous réapprend à lever la tête en direction du ciel, à prendre conscience du mouvement au fondement même de notre planète et donc de notre existence.
La tension entre l’ici-bas décevant et l’au-delà apte à raccorder l’être humain à sa solitude profonde est fort simple, n’avait donc pas besoin de tant d’artifices tape-à-l’œil et superflus ; une variation à deux cadrages aurait suffi, avec d’une part le plan large pour l’espace, d’autre part le format 4 : 3 pour l’enfermement terrestre. En bidouillant sans cesse le cadre, le long métrage devient un gadget prétentieux qui ne peut s’empêcher de remplir de recherches formelles inertes les béances intérieures du personnage, alors que ces béances auraient dû rester telles quelles et occasionner des séquences apparemment vides, dépouillées, en réalité connectées aux vertiges intérieures.
En outre, cette quête frénétique de la belle image finit par délaisser le point de vue de l’astronaute et se retourner contre elle : le film atteste ainsi une fascination pour la décadence associée à la folie, compose par exemple un clip avec musique, ralentis et couleurs néons lorsque Lucy sort d’un parking souterrain en courant pour échapper à la police. La partition musicale croise chansons décalées et plagiat d’Interstellar signé Hans Zimmer. La mise en scène emprunte à Christopher Nolan ses plans spatiaux et à Terrence Malick ses visions oniriques (le talent en moins). Reste Natalie Portman, inégale dans le rôle de Lucy Costa, qui réussit à partager avec le spectateur sa détresse, qui n’est toutefois guère crédible en astronaute rivale volontiers méprisante et autocentrée.
Lucy in the Sky est un film raté dont les ambitions esthétiques tournent à vide sans jamais servir le propos d’ensemble.
Créée
le 26 mars 2020
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