Luke l'éternel solitaire et Jessica désESPERe

(Critique V2 suite revisionnage)


Luke l'invincible est un film d'animation japonaise tiré du manga Locke the Superman (ou Chojin Rokku) et ayant plus tard inspiré une série elle aussi quasi inconnue en France (des OAV en 1989 et 1991), mais pourtant déjà apparu sous le titre Luke l'intrépide et qui a eu le droit à une sortie DVD et disponible sur YouTube (avec la voix de Alexis Tomassian pour Luke, mais manquant de son apparemment au début).


En animation, on distingue plusieurs périodes pour Luke. Celle qui nous intéresse dans le film est la 1ère intitulée "The Witch Era" en référence à l'ennemie de Luke dans ce long-métrage.


C'est l'histoire d'un alien centenaire à l'apparence d'un ado aux cheveux verts et yeux dorés, haïssant la violence mais n'hésitant pas à utiliser ses pouvoirs de télékinésie et de télépathie pour sauver l'univers de l'oppression de la terrible Mme Kahn et des Espers (les gens comme Luke) qu'elle a enrôlé.


Mais on est loin d'une histoire de Gary Stu sauvant la galaxie au petit-déjeuner, puisque Luke n'est pas si invincible que ça (mais reste surpuissant) et que l'histoire reste ponctué de terribles drames, telles que la détresse mentale, le terrorisme cosmique, la trahison et la manipulation.


Par exemple, le film a aussi deux ou trois intrigues concentrés sur Ryu (le pote de Luke, commandant de l'Armée Fédérale Galactique, car le film se base dans un univers de SF), Jessica (appelée aussi Amelia, une Esper traumatisée dans son enfance qui croit que Luke a tué ses parents et tiraillée entre sa haine pour Luke et son amour pour Ryu), et enfin sur Cornelia Prim (une Esper aussi puissante, mais qui aimerait aussi être une femme ordinaire et pas juste une guerrière, doutant de la sincérité de Mme Kahn).


Le film est également très fort pour symboliser des contrastes de couleur et des effets lumineux impressionnants (les hologrammes de Mme Kahn sont effrayants, les Espers ont les yeux qui changent de couleurs selon leurs humeurs, on utilise des négatifs et des effets épileptiques pour symboliser la terreur ou le dilemme).


Un giga bon point pour la façon dont Luke et Ryu permettent à certains de leurs adversaires d’accéder à la rédemption (Jessica préfère encore se sacrifier pour sauver Ryu malgré sa haine pour Luke, et Cornelia n'hésite pas à se retourner contre Mme Kahn quand elle découvre la vérité à son sujet, bien qu'ayant tué pour elle auparavant).


Tout est magnifique, y compris la B.O. assez tourné rock synthé (exemple avec Rainbow Bridge) et vous passerez deux bonnes heures magnifiques à voir ce film.


Mais je trouve la fin un peu injuste envers Luke :


En gros, pendant que Cornelia et les Espers retournent leurs vestes contre Mme Kahn, Luke et Cornelia voient que "On a tellement en commun : la même planète !" Et bien que cette idylle semble sortie de nulle part et un peu forcée, le film gâche ça en très peu de temps (comme si le fait que Luke, un centenaire à la tronche d'ado, s'acoquine d'une adulte blonde lui paraissait glauque) : Cornelia est condamné par la Fédération Galactique à un effacement partiel de mémoire, et elle oublie donc qui est Luke l'invincible. Luke est donc condamné à être éternellement solitaire (image renforcée par un plan de lui face aux vents glacés et enneigés à la fin du film). Le film semble presque le narguer, d'autant que Ryu et Jessica/Amélia sont montrés à moitiés nus, ayant visiblement fait crack-crack après le mariage et oubliant eux-aussi limite Luke. Et ça s'arrange pas avec les crédits qui se terminent sur la bergerie de Luke quasi vide et attaqué par le froid et la neige. Je trouve ça très ingrat et limite déprimant même dans les dernières minutes du film, sentiment aggravé avec la chanson Hoshi no Stranger et ses paroles :



Tu es seul / Pire que la solitude / Même l'amour a une fin / Tu te
sens étranger



Ça ne gâche pas le film à lui tout seul, mais ça créé un défaut insupportable dans un des meilleurs films d'animation japonaise des années 80 selon moi.

Darevenin
8
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le 26 avr. 2020

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