Pfiou, ça va loin, mais alors très très loin dans la proposition radicale. Pas évident de savoir sur quel pied danser au sortir d'un dernier temps ravageur et c'est le moins qu'on puisse dire, tant le malaise qu'il engendre n'est pas spécialement attendu. Certes le duo de choc qui se partage l'affiche, de très jolie manière d'ailleurs, n'a cessé de prouver leur fâcheuse tendance à téter trop fortement la bouteille, mais quand même... leurs conneries restaient jusqu'à ce moment particulièrement puériles, voire adolescentes. Quand on comprend ce qui retenait la fougue du plus bourru des deux, la fraîcheur vivifiante qui émanait de leur volonté farouche de ne pas se laisser happer par une dynamique routinière, traditionnel mélange d'obligations et de travail, s’évapore pour laisser place à un violent retour à la réalité.
Proposition singulière s'il en est, Lune froide rappelle que le cinéma peut faire mal... Qu'un coup d'oeil assumé à 100% peut transformer le banal en un pittoresque envoûtant. Mais surtout qu'une insolente envie d'en découdre sans s'autoriser aucune concession fait souvent naître la fascination. Il y a fort à parier que Lune Froide inspirera un profond rejet à certains spectateurs... mais qui pourra oublier cette révérence chamboulante qui a su se construire en silence pendant les errances des deux bonhommes.
En tout cas, pour ma part, je sors de la séance empli d'un profond respect pour un film audacieux qui se tient de bout en bout malgré son fil rouge ténu. Sans oublier qu'il est littéralement habité par deux acteurs qui donnent le meilleur à l'occasion d'un péril exercice d'équilibriste aux frontières de l'outrance. Balaise quand même, ça vaut le coup d'oeil, assurément.