(Vu en Blu-Ray, éditeur BlackBox) Pour qui ignorerait encore qui est Takeshi Koike, je pourrais résumer les choses en disant que c'est la classe incarnée en matière d'animation; donnez-lui n'importe quel projet, n'importe quelle franchise, et tous les personnages (il est aussi chara-designer), toutes les séquences d'action dégoulineront littéralement de classe, c'est comme ça. Bon, il y a aussi malheureusement le revers de la médaille qui est que le fait d'avoir la classe (dans les animés comme dans la vie) ne garantit aucunement une véritable profondeur...Le long-métrage Red Line, réalisé il y a de cela quelques années par Koike, en est ainsi la parfaite illustration: très belle coquille vide, aussi bluffante et hypnotisante sur le plan formel que totalement superficielle dans le propos, et finalement ennuyeuse par son trop-plein d'action même.
Mais une chose est sûre: ce réalisateur et Lupin the Third étaient faits pour s'entendre, tant cette franchise fonde la plupart du temps (tout le monde ne s'appelle pas Miyazaki!) uniquement sa réussite sur le charisme survitaminé de ses personnages, héros comme ennemis, et la bad-assitude sans limites de ses scènes d'action et de ses dialogues. Koike avait fait ses premières armes dans cet univers en signant le chara-design de l'intrigante série Une femme nommée Fujiko Mine, avec des personnages élancés jusqu'à l'extrême (une des caractéristiques de l'esthétique de Koike), aux jambes et bras interminables.
Il revient ici à la franchise avec, cette fois-ci, la casquette de réalisateur, pour un moyen métrage de 50 minutes (en fait constitué de 2 épisodes de 25 min.), centré sur le personnage de Jigen (un as de la gâchette, mélange mutique de mafieux et de cowboy), qui devrait normalement être le premier opus d'une trilogie. Et le résultat ne déçoit pas: certes le scénario est relativement convenu dans sa trame (bien qu'agréable à suivre, avec quelques surprises et bonnes trouvailles), mais, sur ce format relativement court, Koike peut vraiment faire parler toutes ses qualités sans lasser le spectateur: une belle inventivité dans les scènes d'action, de beaux chara-design, plus équilibrés que dans sa proposition précédente (la belle Fujiko retrouvant là des proportions plus "naturelles"...pour ce qui demeure tout de même une figure de "femme fatale" tout à fait stéréotypée); mais en contrepartie, toute l'étonnante noirceur et les prises de risque narratives qui faisaient le sel de certains épisodes d'Une femme nommée Fujiko Mine s'effacent pour nous présenter un Lupin beaucoup plus "canonique", mais aussi forcément un peu plus fade.
Au final, cette nouvelle pierre dans le jardin de la franchise Lupin, sans être totalement transcendante ni susceptible de remettre fondamentalement en cause mon opinion sur Takeshi Koike, me semble néanmoins un must-see pour les amateurs du gentleman cambrioleur, le tout demeurant une proposition tout à fait solide. C'est avec curiosité que je me pencherai sur les autres épisodes à venir de cette trilogie.