Autre œuvre japonaise au programme du festival d’animation d’Annecy 2020, la nouvelle aventure du voleur Lupin III (petit-fils d’Arsène Lupin) est une grande première pour ce personnage si apprécié car il débarque en images de synthèse. Héros de séries animées dans les années 70 mais également d’un long-métrage devenu culte d’Hayao Miyazaki (Le Château de Cagliostro), le célèbre cambrioleur fait partie d’une culture désormais bien installée dans l’esprit de certains. Mais il faut savoir que cette critique est le fruit de mon esprit néophyte dans l’univers de la série de Monkey Punch (Kazuhiko Kato). Lupin III The First est, à mes yeux de non-initié, une belle surprise rivalisant à chaque instant avec la maestria graphique des studios hollywoodiens qui conte une aventure balisée mais divertissante. Un film auquel on ne peut que souhaiter un beau succès lors de sa sortie en salles en décembre prochain via Eurozoom.
Dès la scène d’introduction, on ne peut qu’être bluffé par l’incroyable maîtrse de la CGI magnifiée par une mise en scène pleine de dynamisme. Menée tambour battant, cette première scène flash-back en dit long sur l’action qui constitue la première force du métrage. Courses poursuites en voitures, fuites en avion, épreuves risquées : les quatre-vingt dix minutes du film passent à toute vitesse, d’autant plus que l’animation des personnages est ultra fluide. Entre l’hyper-réalisme des décors (de la capitale parisienne qui évite les stéréotypes habituels jusqu’au désert du Mexique) et l’irréalisme caractérisant les déplacements des personnages cartoonesques, l’esthétique du film est un ravissement qui n’a pas à rougir face aux itérations traditionnelles du personnage. On se rit constamment des mimiques ultra expressives de Lupin tandis que l’on s’émeut grâce à la précision du visage de Laëtitia, nouvelle venue dans l’équipe. Les belles scènes s’enchaînent grâce à des placements de caméra réfléchis et une colorimétrie maîtrisée (heureusement, on évite la surexposition habituelle de certaines productions en CGI).
Quel dommage alors que le scénario ne soit pas vraiment à la hauteur de la forme électrisante du film. Sans être décevant, le récit de Lupin III The First est caractérisé par son manque cruel d’originalité. En quête d’un artefact fantastique, tous les personnages du film rivalisent d’idées et de surprises pour se servir les uns des autres. De trahisons en trahisons, le long-métrage nippon peine à sortir d’un moule ayant déjà maintes fois servi pour les productions d’aventure internationales. On pense tour à tour à Tomb Raider, Indiana Jones, Mission Impossible, Tintin ou Uncharted. Evidemment, avec une prise de risques plus grande sur le plan narratif, le film de Takashi Yamazaki aurait tutoyé les sommets.
Pour autant, si le film n’a pas l’audace narrative qu’il aurait méritée, son histoire parvient quand même à nous divertir abondamment grâce à une bande de personnages variée et des situations rocambolesques (vous avez dit Hitler ?) Lupin et Laëtitia ont beau être les deux seuls protagonistes à être vraiment développés par le récit, il y a fort à parier que cet aspect pourra uniquement déranger les néophytes comme moi. Il est quasiment sûr que les initiés ne regretteront pas le manque d’approfondissement psychologique des personnages secondaires puisqu’ils ont probablement été caractérisés dans les aventures précédentes. Au rang des nouveaux venus, Laëtitia est au centre du scénario et s’impose comme un personnage que nous prendrions plaisir à retrouver dans une prochaine aventure. Attachante et trépidante, elle doit pourtant composer avec un background un brin prévisible. De son côté, l’inventivité de Lupin et ses défis constants à la physique surprennent un spectateur ravi. Comme un épisode sériel, le film s’achève pas l’annonce d’un éternel recommencement… ouvrant sur de prochaines productions que l’on espère narrativement plus ciselée mais graphiquement aussi maîtrisée !
Au final, Lupin III The First est un très beau divertissement qui saura combler tous les publics. Visuellement épatant, le long-métrage de Takashi Yamazaki pêche un peu sur le plan scénaristique car il accumule les péripéties attendues. Pourtant, l’ensemble se découvre avec grand plaisir grâce à une mise en scène de haut vol et un humour soigné ! Sans révolutionner le genre, la production nippone devrait donc ravir de nombreux spectateurs.