Le fait d'avoir été distribué par les frappadingues de Troma a valu à Luther The Geek une réputation pas forcément justifié à mon sens de comédie horrifique. Le seul film réalisé par Carlton J Albright (producteur du film De Si Gentils Petites monstres) n'est certes pas à prendre avec l’aplomb du premier degré et possède de nombreux aspects prêtant à sourire, mais il reste globalement bien plus proche de l’œuvre horrifique dérangée, fauchée et maladroite, que de la gaudriole.

Après plusieurs années d'incarcération pour avoir tué plusieurs personnes de façon violente et sadique, Luther Watts est libéré pour bonne conduite (??). Psychopathe et inadapté, l'homme va rapidement s'en prendre à une vielle dame sur un parking de supermarché puis s'attaquer à une femme vivant seule dans une ferme avant que celle ci ne soit rejointe par sa fille et son petit ami.

Tout d'abord le film m'aura permis de découvrir l'origine du mot geek désormais utilisé pour définir des amateurs de pop culture, des dingos d'informatiques ou des fans de jeux vidéos. A l'origine ce mot ne désignait pas un individu à lunette avec un tee-shirt Star Wars sentant le renfermé, la pizza froide et l'unité centrale en surchauffe, mais un mec souvent paumé et désœuvré qui pour quelques dollars ou un verre de whisky acceptait de décapiter des poulets ou des serpents vivants dans des shows de monstres de fête foraine. C'est précisément en assistant enfant à ce type de spectacle traumatisant que le personnage du film est devenu cinglé et amateur de la morsure à la carotide avec un râtelier de métal dont il aiguise avec soin les dents tranchantes. Petit détail qui a aussi son importance Luther est muet, mais il caquette comme une poule et pousse des cococricos triomphants de satisfaction après avoir tuer une victime. Alors bien sûr ça apporte à priori une touche de ridicule et de comédie aux agissements de ce tueur psychopathe, sauf que cette étrangeté donne surtout au personnage déjà sacrément flippant et tordu au départ une dimension assez démentiel de malaise, d'inconfort et de folie furieuse. Le comédien Edward Terry ne fait pas que rester crédible y compris lorsqu'il fait la poule en dansant et en ondulant du cou comme du croupion, il est pour moi une menace constante qui donne assez rarement envie de sourire. Car peu importe finalement si la mort et la menace s'avance en faisant un bruit de poulet ou de requiem, elle s'avance quoi qu'il arrive et annonce de manière sinistre et/ou ridicule violence et trépas. Et Luther est un tueur vraiment sadique et violent qui dévore le cou de ses proies comme un animal sauvage assoiffé de sang et cogne ses victimes jusqu'à leur faire perdre connaissance. A ce titre la scène durant laquelle il danse avec une jeune femme inconsciente qu'il vient de rouer de coups est vraiment perturbante surtout que Luther dont on connaît l'amour des carotides bien fraîche l'embrasse aussi langoureusement que dangereusement dans le cou. Et même si le réalisateur Carlton J Albright pousse parfois dans une certaine logique le curseur de cette folie de mimétisme volailler jusqu'à l'absurde, son film reste pour moi droit dans les rails d'un cinéma purement horrifique.

Après il faut bien reconnaître que Luther The Geek est bourré de défauts et d'incohérences narratives à commencer par cette libération d'un type qui se prend quand même pour une poulet et qui a déjà tué plusieurs personnes par le passé. C'est tellement absurde qu'on se demande même pourquoi avoir inclus cet élément dans l'histoire. A la limite si le personnage s'était échapper d'un élevage en batterie ça m'aurait presque semblé plus logique. Les personnages ont aussi parfois des comportements étranges (oui en plus de faire la poule) comme cette fille qui reste caché pendant des plombes sous le lit de sa mère prisonnière y compris lorsque le tueur est parti de puis un bon moment; même si on nous expliquera vaguement un état de choc c'est dur à avaler qu'elle ne profite pas de l'occasion pour libérer sa mère et se tirer vite fait. Conscient aussi d'un script qui finalement ne raconte pas grand chose de plus qu'un homme invasion avec un homme poulet sauvage cannibale (oui c'est déjà pas mal) , Carlton J Albright a aussi tendance à rallonger ses scènes parfois un peu plus que de raison donnant au film quelques sérieux et très pesants coups de mou.

Luther The Geek est un film d'horreur un peu fauché, un peu maladroit et dont les dérapages volaillers prêteront souvent à sourire, mais ça reste pour moi un vrai film de psychopathe plutôt fréquentable (enfin le film pas le psychopathe). Alors bien sûr c'est pas pou' les cyniques, c'est plutôt pou' les amateurs de bis dérangés un peu fêlés de la crête comme moi.

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le 6 juin 2024

Critique lue 23 fois

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Freddy K

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