Ma 6-t va crack-er n'est pas un grand film. Si vous espérez la plus belle des photographies, la plus parfaite des réalisations, si vous cherchez un esthétisme quelconque, je ne peux que vous conseiller de passer votre chemin. Parce que Ma 6-t va crack-er n'est pas un grand film, il est bien plus que ça.
Ce film sous forme d'un quasi documentaire suit le quotidien de plusieurs jeunes d'une cité parisienne : l'école, le quartier, les meufs, la galère et les keufs. Il n'a pas d'histoire bien précise à nous raconter parce que l'histoire qu'il nous montre est universelle, elle est celle des jeunes des quartiers de nos villes, de nos quartiers, elle est celle de la misère, de la galère, du sentiment d'avoir été abandonnés.
Ce film a le mérite d'opposer un autre son de cloches que celui habituel des médias, des gens biens pensants qui parlent des banlieues et des cités en utilisant les termes "racailles, délinquance, insécurité". En effet, il y a de la violence, Jean-François Richet ne l'élude pas dans son film, mais elle a des raisons d'exister. Ce n'est pas de la violence gratuite, les jeunes de quartiers ne sont pas des animaux et ce ne sont pas de simples victimes non plus. Ils ont des armes à leur portée. Ces armes portent les noms d'insurrection, d'émeutes, de révoltes mais surtout de révolution.
Jean-François Richet nous livre ici un film plus réaliste et plus intelligent que la Haine.L'opposition à la police est expliquée, elle est normale : la police est l'arme répressive de l'Etat. Et comme le dit si bien Assassin "L'Etat assassine". Il ne faut, d'ailleurs, pas s'étonner que Ma 6-t va crack-er est bien moins connu. En distillant tout au long des discours de classes (j'entends ici lutte des classes et pas 6ème, 5ème ...), en montrant des jeunes qui, les premiers touchés par la dureté du système dans lequel nous vivons, ont conscience, Richet nous amène progressivement à la conclusion de son film : seule l'union des opprimés (ouvriers et jeunes) et une révolution pourra changer cette réalité. C'est pas moi qui l'invente ce sont les paroles de "La Sédition" de Mystik et 2 Bal Niggets, chanson sur laquelle le film se clôture.
Ce film n'est pas un grand film, il est plus que cela : c'est un film qui nous encourage à nous lever et agir.
En plus de ça, la B.O est une vraie tuerie !