T'es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou qu'on remplit comme une fosse purin

Citation de Mickey 3D

Si vous me demandez qu’elle est le film que je déteste le plus au monde, je vous citerai sans hésitation « Ma Reum ». Ça peut en étonner plus d’un, après tout Ma Reum a tout du film fainéant, le rendant certes mauvais, mais pas plus que ses confrères qui utilisent le peu d’exigence du public en matière de divertissement pour baisser globalement le niveau de médiocrité au juste acceptable.

Et je ne vais pas expliquer à mes chers collègues SensCritiqueurs que l'excuse du divertissement ne devrait en aucun cas être un prétexte pour baisser les standards de qualité, que le travail cinématographique va parfaitement de pair avec le divertissement populaire (par exemple « La Grande Vadrouille » ou « Les 12 Travaux d’Astérix » qui arrivent à harmoniser les 2 et démontrent que les studios utilisant le prétexte du divertissement pour faire le minimum acceptable n’ont aucune excuse, ainsi que le temps donnera tort à leur fainéantise) et que ces films sont même une insulte à cette masse populaire qu’ils considèrent suffisamment stupides pour qu’elle se contente bêtement d’un film mauvais, voir même une insulte au cinéma en tant qu’art car ici réduit à sa forme la plus basse faisant limite en comparaison, passer les gens de chez Marvel pour des gens inventifs.

Ce film au mieux bancal s’inscrit donc parfaitement dans la désartification (mot inventé, idée de retirer le prisme d’art) du cinéma. On pourrait même dire qu’il n’est pas réellement un film mais différents sketchs collés les uns les autres dans une pseudo continuité mal orchestrée. Le travail rendu fait de Frédéric Quiring non seulement un homme ne connaissant rien au fait d’écrire une histoire mais également dans le fait de la mettre en œuvre de manière cinématographique pour la raconter par l’image. Un peu comme la suite d’un Disney connu qui ne joue que par le nom de son prédécesseur, « Ma Reum » est une espèce de Dionée attirant le spectateur moyen avec ses têtes d’affiche, comme ici Audrey Lamy, Max Boublil et Joey Star dans une comédie dont la seule blague est son existence, car incapable de comprendre comment incorporer l’humour à son propos. L’humour est tellement nul que c’est impossible de rendre le tout crédible ni même d’apprécier ses personnages. (Il est pourtant possible de faire un film qui est une chute constante, « Mandibules » en est le parfait exemple avec une histoire qui tombe de plus en plus dans l’absurde sans jamais empiéter sur son propos ou la suspension consentie d’incrédulité, mais pour ça j’imagine qu’il faut un minimum de talent).

Mais si « Ma Reum » s’était cantonné à cette médiocrité habituelle de certaines comédies françaises utilisées pour finir les caisses de financements du CNC, je ne serais pas là. Il y a en effet dans « Ma Reum » une telle incompétence dans la gestion de son propos qu’il est pire que n’importe quels autres films à mes yeux.

Ma Reum me dégoûte.

Pire.

Ma Reum est un film malsain.

Mais ce sentiment qu’il crée ne sert pas à raconter quelque chose, il y est présent involontairement. Cela rend à mon sens Ma Reum bien plus malsain et bien moins supportable que n’importe quel film se voulant choquant voir morbide comme le serait un « Salò ou les 120 journées de Sodome » ou un « Martyrs ».

J’entends par là que la suspension consentie d’incrédulité est conditionnelle et variable en fonction de ce qu’on regarde. Et c’est parfaitement logique. Quand on visionne un dessin animé on accepte une réalité qui n’est pas la même que quand on regarde un film « 3D », ce qui rend d’ailleurs impossible que le Joker du Batman de 2022 soit un dessin en 2D par exemple (Hormis exceptions comme « Qui veut la peau de Roger Rabbit » mais on ne s’attardera pas dessus).

C’est pour ça que comme la majorité des gens j’accepte l’horreur des enfers de « Mad Dog », le caractère meurtrier des personnages de « Game of Throne », le chili aux parents de Scott Tenderman dans « South Park » ou même la torture (physique et mentale) d’enfants dans « Salò ou les 120 journées de Sodome ».

Et le problème de « Ma Reum » c’est que dans ce contrat implicite qu’est la suspension consentie d’incrédulité, on nous pose le contexte d’un monde normal avec un société ayant les mêmes codes sociaux et de moraux que la nôtre.

Alors j’aimerai savoir de quel droit Frédéric Quiring peut penser que dans un affrontement entre une adulte « responsable » et des enfants en ECOLE PRIMAIRE met les deux parties sur un même seuil morale. A neuf/dix ans on n’est même pas encore dans la préadolescence, on cherche à comprendre les autres mais surtout à essayer de devenir la personne qu’on sera plus tard. A cet âge on n’est tellement pas responsable que même la justice considère les parents responsables en cas de non-respect de la loi.

Et je ne dis pas ça pour excuser les gosses, à titre personnel c’est à peu près l’âge vers lequel j’ai été harcelé. Mais quasiment 10 ans plus tard, je me rends bien compte que si ce sont bien ces gamins (avec qui je suis paradoxalement devenu ami) qui m’ont pourri la vie, les responsables de ce harcèlement sont les membres de l’équipes enseignantes dont c’était le boulot d’empêcher ça et qui n’ont pas bougé le petit doit malgré mes demandes d’action.

Nan parce que si je résume Fanny leur a fait bouffer de la merde, a fait de la divulgation de vie privée sur internet, de l’humiliation publique devant leur camarade, amenant parfois à des conflits familiaux. De leur côté le harcèlement de l’enfant n’est le thème principal qu’au tout début du film avant de passer à une trentenaire qui va provoquer des traumatismes à gogo à des enfants qui n’ont même pas 10 ans.

Surtout que si on se penche sur ces fameux harceleurs, on voit un enfant en surpoids que tout le monde appelle « Bouboule » (faire des blagues sur le poids du personnage n’est pas un problème en soi, mais on s’accordera que dans un film qui parle d’harcèlement ça passe moyen), un autre un peu con qui trouve du sens à sa vie que par la reconnaissance de ses paires (d’ailleurs remarque mais faire utiliser Facebook à des mômes nés théoriquement en 2009 rend le travail fait sur ce film tellement ringard) dont on va détruire sa réputation.

Le pire selon moi reste le dernier le fils à papa qui se fait battre à la maison par son père (dans une des pires scènes de l’histoire du cinéma, d’autant plus que le visiblement très sympathique Frédéric Quiring essaie de rendre ça drôle), qui a visiblement du mal à se faire des amis et dont le personnage de Fanny fait bouffer ses poissons, son « refuge ». C’est ça les gens que je dois détester ? Vous vous foutez de moi ?!?! Des mômes de même pas 10 ans mal dans leur peau ? Ils sont plus pitoyables de détestables. Frédéric tu étais censé me parler de harcèlement, comment tu peux être aussi nul pour que je soutienne à 100% les harceleurs ???

Alors oui, à la fin on a une pirouette scénaristique en mode « Ce qu’Audey Lamy a fait ce n’est pas bien regardez le gamin a réussi à se débrouiller tout seul ». Mais à aucun moment je la vois souffrir à la hauteur de ses actes, je ne sais pas, faites-lui perdre la garde de son gosse, finir en taule ou en hôpital psychiatrique. Le pire c’est qu’à la fin ce sont les gamins qui sont punis, ils n’en ont pas déjà pris assez à la gueule pendant tout le film ? On avait besoin de cette énième humiliation qui va les marquer à jamais et les empêcher d’être de bonnes personnes ?

Et on peut revenir sur cette morale à deux balles : si ton gamin se fait harceler ne fait rien il va finir par s’en sortir. Mais vous n’avez rien compris à ce que c’était que le harcèlement, Frédéric quand je regarde tes notes SensCritique je me doute bien que tu es voué à rater tout ce que tu entreprends mais rater la morale du harcèlement quand même ! Même les vidéos de prévention de l’Etat font en 2 minutes (slogan compris) un meilleur boulot que toi c’est fou.

Je suis allé voir ce film en famille au cinéma, donc non seulement j’ai la souffrance d’avoir passé une expérience pire que nettoyer un bâtiment de veaux de boucherie avant l’arrivée du prochain lot, mais en plus j’ai donné de l’argent (et une entrée) aux incapables qui l’ont réalisé. Le pire c’est que Ma Reum n’est pas le film qui partait le moins gagnant que je connaisse, ce qui le rend d’autant plus détestable qu’avec un peu de bonne volonté et moins de jemenfoutisme on aurait pu avoir quelque chose qui, certes, n’aurait pas forcément casser trois pattes à un canard, mais qui n’aurait pas été une insulte cinématographique à ses spectateurs par sa nullité.

Le problème c’est que « Ma Reum » ment.

« Ma Reum » ment quand il promet de faire un film parlant (dans le fond) de combattre le harcèlement. « Ma Reum » ment quand il doit prendre place dans une réalité proche de la nôtre. « Ma Reum » ment quand il promet d’être un film familial. « Ma Reum » ment quand il dit qu’il va être un peu drôle. « Ma Reum » ment quand il construit ses personnages. « Ma Reum » ment quand il dit qu’il va faire l’effort de faire du cinéma. Et le pire c’est que si « Ma Reum » ment ce n’est pas par profondeur, juste par profonde incompétence.

Selon moi « Ma Reum » est incontestablement le pire film de cinéma que j’ai pu voir car au-delà de rater tout ce qu’il entreprend au point de le rendre si irritant qu’il m’a donné envie de quitter la salle en hurlant, quand je pense à ce film je me dis que si c’est ça le cinéma, alors sincèrement, ça n’en vaut pas la peine.

-Tu réalises que tu te comportes comme une gamine ?

-Tu as raison, je vais me comporter en adulte.