Après le sympathique Jeanne et le garçon formidable et l'élégant Drôle de Félix, Olivier Ducastel et Jacques Martineau signent un troisième film : un pamphlet rendant hommage à l'art brut.
L'histoire ne dépasse jamais la hauteur des pâquerettes et la technique employée se cantonne au niveau des racines. Etienne, qui n'est certainement pas un garçon formidable, voit sa mamie lui offrir un caméscope et découvre, avec un enthousiasme certain, les joies de l'opérateur cinéaste superstar.
Le principe est simple : Étienne, amateur à l'extrême, multiplie les points de vue sans vue, les dialogues sans texte et les mises en scène improvisées, le but étant de nous toucher par une fausse histoire vraie. Cela fonctionne d'ailleurs partiellement, les comédiens jouent avec brio leur rôle de gens ordinaires et certaines scènes vous arrachent aisément un sourire mais sans déconner, si Olivier Ducastel et Jacques Martineau veulent faire mumuse avec un DV, qu'ils ne se sentent pas obligés de le distribuer. Afin d'être sûr et certain que l'inculte spectateur saisisse bien qu'Étienne est un amateur découvrant sa caméra, toutes les fautes esthétiques, visuelles et sonores sont commises et répétées à outrance.Ma vraie vie à Rouen rappelle ces chefs d'œuvres que l'on diffuse aux repas de famille, lorsque la petite cousine boutonneuse fan de danse classique se lance devant l'objectif tout sourire avec son tutu rose chiffonné.
La vie d'Étienne est clairement ennuyeuse : un play boy pour unique ami, son prof de géo en guise de beau-père, une mamie à l'intonation de voix discordante, une patinoire favorite, un lycée quotidien, une plage pour bronzés et une mère adorablement niaise.
On pourrait espérer qu'à défaut d'être social, Étienne serait intéressant, mais le seul secret qu'il possède, il l'ignore totalement...et c'est tout le problème.
Ma vraie vie à Rouen traite un sujet déjà bien essoré : l'homosexualité.
Le voyeurisme devient vite l'élément principal du film et une cascade de clichés fait en sorte qu'aucune surprise ne vienne ôter le goût amer rivé dans votre bouche. Étienne est en pleine révélation, pas de problème, mais pourquoi a-t-il fallu que Olivier Ducastel et Jacques Martineau se cantonnent au point de vue fantasmatique de l'homosexualité ?
Le meilleur pote, le prof, les pompiers et pour finir le "back room verde" ou lieu de rencontre florale pour jeune exclu en manque. Et pourquoi pas la gay pride plutôt qu'une manif anti Le Pen ? Tant qu'a faire dans le cliché autant aller au fond des choses. Une partouze avec une troupe de militaires aurait fais un final explosif.
Un bon plan tout de même pour les esthètes : Il parait que les fesses de Jimmy Tavares sont bandante dans son collant moulant.