Toy Boy.
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Macadam cowboy, où l'Amérique profonde des années 70 se déroule devant nos yeux assoiffés, avec ces rues glauques, les tubes rock, folk, qui passent en boucle, et les grains des couleurs. Le rêve américain en vue, très loin.
Joe Buck est un mec qui est resté loin dans les westerns, dans le rêve américain à cent à l'heure. Alors il s'habille comme un cow-boy. Il met des chapeaux noirs et des boots en cuir, des vestes a fanfreluches et des chemises à petits oiseaux bleus. Et quand il se barre du Texas, c'est pour aller faire le gigolo à New York, dans la ville du rêve Américain, ce grand rêve fantasmé, inaccessible.
Joe Buck avec sa gueule d'ange et son allure d'homosexualité non assumé rencontre Ratso Rizzo joué par Dustin Hoffman. Bouleversant dans sa petitesse, sa maladresse à essayer de vivre, à tenter de marcher droit avec sa jambe qui boîte, à essayer de survivre en volant des manteaux qui lui tiennent chaud. Dustin Hoffman avec sa toux à s'arracher les poumons, sa démarche boiteuse, son visage blafard, est incroyablement bouleversant de justesse, de rareté. Ce sont ces rôles qui changent tout d'une vie. Qui donne au cinéma sa plus grande force.
L'époque où les meilleurs rôles transpercent les écrans. Et ça n'en finit plus.
Dans le froid des rues de New York, à travers le Bronx, sous la fine neige qui tombe du ciel, le blondinet cow-boy et l'italien boiteux marchent, recroquevillés dans leur manteau pas assez chaud. L'un regarde impassible le monde qui les entourent. L'autre s'efforce de marcher, sautille, boîte, se recroqueville et trébuche tant bien que mal pour affronter la vie. C'est beau à en crever.
Macadam cowboy dépeint ici la radicalité d'un monde perdu dans le Bronx, loin du rêve américain et des enseignes lumineuses à tous les coins de rues. "Money" affiché sur les façades d'immeubles, un arrière goût délaissé de Scarface. Alors on oublie, et on tente de vivre avec ses rêves dans les tripes. On s'habille en cow-boys et on se prostitue avec des femmes friqués.
L'amitié troublante de ces deux êtres qui tentent de vivre dans la pauvreté d'une vie. Et la fin, ahurissante, témoigne de la cruauté d'un monde où il n'y a plus rien à faire. Où le rêve américain n'est qu'un fantasme. La réalité est là, dure, sous nos pieds.
Un film bouleversant, d'une belle justesse.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ces indicibles joyaux que j'ai (re)découvert en 2015, Le cinéma de l'errance et L'Amérique désenchantée, souillée, fracassée ou les miettes du rêve Américain
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le 22 févr. 2015
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