Jess Franco, j'avoue que je ne connaissais pas vraiment. Sa persistance dans l'exploitation a néanmoins de quoi rendre le bonhomme sympathique (ne lâchant jamais l'affaire quand il s'agit d'immortaliser ses obsessions mammaires et pubiennes, avec un peu de sueur et des grains de sable), davantage encore quand on connaît ses penchants pour le bis. Ici, il s'essaye à un mélange étrange alliant l'expérimental symbolique à l'exploitation dans tout ce qu'elle a de plus racoleur (toutes les digressions oniriques débouchent sur des fantasmes sexuels qui flirtent avec la pornographie (la suggestion disparaît quasiment à plusieurs reprises). Néanmoins, le climat étrange qui imprègne le film, surfant volontiers sur l'exotisme facile des pays nord africains, parvient à lui donner suffisamment de matière pour tenter de suivre cette étrange histoire qui a de vrais allures d'OFNI.
La sorcière africaine qu'on nous vend est un personnage assez étrange, qui semble manipuler les individus essentiellement par des pulsions sexuelles (qu'elle crée aussi par quelques rites païens très évocateurs), s'en servant déjà pour faire se rapprocher ses victimes avant de les charmer ou de les réduire en esclavage. C'est violemment gratuit, mais le climat du film, très sexualisé et axé sur une certaine forme de frustration du désir (les fantasmes sont toujours brutalement interrompus), parvient à matérialiser cette sorte d'attraction inconsciente vers la mère des désirs qui ne semble vivre que pour la jouissance. Tous les partis pris racoleurs du film (la tenue de l'héroïne, les rites érotiques, les fréquentes séquences de nudité...) contribuent à ce climat inhabituel qui mystifie de façon intéressante ce qui ferait simplement un porno soft. Car le cadre et l'image sont assez travaillé pour créer le doute sur la simple nature d'exploitation du film.
Malheureusement, le côté obscur du film est une inévitable propension au nanar. Ce dernier, suggéré par l'incessant racolage sexuel (les cadrages de la caméra sont très ciblés), explose avec l'apparition régulière d'un coq empaillé, sensé incarner un aspect magie noire inquiétant. A sa vue, tous les protagonistes se mettent à hurler de terreur, la musique s'affole, les tambours raisonnent, bref, c'est les mauvaises ondes qui passent. Le problème, c'est que c'est juste un poulet empaillé. Avec une tête en plâtre peinte pour lui faire des yeux méchants. Et un membre turgescent évocateur tout rose en plâtre lui aussi. Résultat, on explose de rire à chaque fois qu'il apparaît à l'écran, tellement on imagine le technicien qui le tient par le dessous pour suggérer ses mouvements (en faisant "agrougrou !" pour faire marrer l'équipe de tournage). Le poulet, plus des plans de léchage de près d'une minute, il y a des moments où le film perd complètement les pédales et ruine l'étrange alchimie qu'il cherchait à créer. On a aussi quelques détails amusants comme cet acteur très laid qui ressemble beaucoup au protagoniste de Human centipède 2, qui joue ici avec des animaux et lance tout le temps des regards lubriques d'une grande ambiguité. Bref, il est sympathique lui aussi, on sait ce qu'il fait pendant ses vacances...
Surement mauvais, mais attachant et clairement sortant des sentiers habituels du genre fantastique/érotique, Macumba Sexual est une petite curiosité avec une certaine saveur, à toutefois prendre avec modération ou simplement avec légèreté.