Diesel & Dust

Mad Max, c’est un genre qui s’assume totalement, se déploie et explose dans une longue et puissante décharge.
Sur un scénario qui ne s’embarrasse pas d’originalité, Miller propose un western punk désenchanté et baroque. Au crépuscule de l’humanité, seules les raclures ont gardé une forme de panache lors de séquences outrancières, qui empruntent autant à la commedia dell’arte qu’aux plus grotesques gueux de l’univers shakespearien, dans la danse, le stupre et le vrombissement des moteurs.
Certes, le canevas est éculé, mais le film propose, en le poussant dans ses retranchements, une forme de jouissance visuelle assez roborative. La séquence d’ouverture place tout ce qui fera l’identité iconique du récit : la ligne droite de la route, la légère contre-plongée d’une caméra au ras du bitume, et la course éperdue au cours de laquelle les véhicules se désagrègent progressivement.
La bande-son, obsessionnelle dans la première séquence, joue sur un discours radio continu, où se mêlent les instructions officielles, les échanges des flics et le discours chamanique du mal du NightRider, alimentant la confusion entre représentants de la loi et du crime dans un fracas de moteurs en passe de perdre tout contrôle, slalomant entre les restes de civilisation, cabines téléphoniques et bébés… La scène d’ouverture annonçait déjà cette précarité, la lunette du fusil du policier servant à mater un couple s’ébattant en plein air…

On regrettera d’autant plus la musique, assez atroce et bien de son époque qui souligne à outrance toutes les scènes, qu’elles soient sentimentales ou violentes.

Mad Max peut être considéré comme un prequel, une ébauche (la femme, l’enfant, le chien, la retraite…) en vue d’une perte totale qui permettra le radicalisme du second volet. D’une indéniable maitrise dans ses scènes d’action, tendu lorsqu’il propose de faux répits, c’est un film efficace et profondément pessimiste.

Bon, le méchant est un sosie de Philippe Katerine, et ça m’a profondément dérangé.

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